Watchmen, c’est avant tout une claque, un coup de cœur en bonne et due forme, le film m’ayant donné une irrésistible envie de partager mon avis d’alors, et bien d’autres à suivre. Adapté du comics éponyme de Alan Moore par Zack Snyder, ce film est venu chambouler le paysage cinématographie des super-héros, jusqu’ici occupé en majorité par des productions Marvel plus classiques ; en ce sens Watchmen arbore un scénario grandement sombre, empreint de thématiques matures comme grisantes, le récit prenant place au sein d’une Guerre Froide alternative (1985) pour le moins inquiétante. La séquence d’ouverture laisse d’ailleurs d’entrée de jeu pantois, celle-ci brillant d’une mise en scène pour le moins épique propre au maître du genre qu’est Snyder ; s’en suit un générique long mais intelligent, celui-ci introduisant avec la manière l’histoire des Minutemen, puis des Watchmen, de quoi s’assurer notre attention définitive. Et si la suite se veut dans la même veine, c’est-à-dire lente en terme de mise en place, ceci sert au mieux une présentation approfondie de chacun des protagonistes, tous incarnant des figures plus ou moins fascinantes ; des super-héros tels que Rorscharch ou le Comédien ne manquent donc pas de nous marquer comme il se doit, tant ils sont aux antipodes des justiciers traditionnels, et participent donc au ton atypique de Watchmen, qui se voit doté d’un casting ne payant pas mine mais véritablement excellent (Jackie Earle Haley, Patrick Wilson, Matthew Goode…). Par ailleurs, le long-métrage maintient doublement notre intérêt avec l’évolution posée d’une intrigue complexe (pour un film du genre), entre enjeux politiques, menaces de guerre nucléaire et autre complot à l’égard des Gardiens ; le tout s’avère rapidement passionnant, d’autant que les charismes respectifs de certains personnages ne sont pas en reste. Quant à ceux qui en viendraient à pointer du doigt le rythme mou adopté par Watchmen (non sans raison), ce dernier compense cet état de fait au gré de scènes d’action certes rares, mais toutes d’anthologies ; celles-ci entrecoupent de plus à merveille ce même récit, et arborent naturellement la mise en scène stylisée et dantesque de Snyder, sous couvert d’une superbe BO. Dans une même veine, bien que peu gourmand en effets spéciaux omniprésents comme grandiloquents, le long-métrage rayonne sur le plan visuel, pour un résultat égalant bien des réalisations mieux dotées en billets verts ; il y a aussi un penchant avéré pour une violence très prononcée, qui ne nous ménage que très peu (voire pas du tout) et qui incarne l’une des facettes faisant l’originalité de Watchmen. Enfin, voici venu le renversant dénouement, qui fort d’ultimes révélations surprenantes et singulières parachève la réussite du film, qui se conclut bien différemment des standards du genre et autres happy-end... on est donc pour le moins abasourdis, et ce n’est pas la fin ouverte savoureuse comme pas deux qui nous fera dire le contraire. En résumé Zack Snyder signait avec Watchmen un divertissement novateur et foutrement prenant, tant dans la forme que dans le fond, fort d’un visuel impressionnant et d’une intrigue captivante ; une adaptation fidèle et digne de l’œuvre originale en somme, alors culte de par ses personnages stupéfiants et de son propos sombre comme réfléchis, tous parfaitement portés à l’écran. Un triomphe.