Ce film de zombies n'est pas la énième production de George Romero qui remet le couvert avec ses gens qui marchent au ralenti et bavent beaucoup. Car ici, on a droit à du zombie de luxe, du zombie intelligent qui comprend sa condition et va former une armée (menée par un leader, "Big Daddy", du nom - prédestiné - de l'ancienne pompe à essence où il travaillait), allez, tous à l'assaut des humains... Il faut dire que lorsque l'on voit le peu d'empathie qu'éprouvent les survivants entre eux et face aux zombies (ils servent à des jeux sadiques), on se raccroche à la petite équipe de héros bien sous tous rapports (avec Simon Baker comme leader opposé à Big Daddy), sinon on aurait pris parti pour le camp des baveux. Si vous cherchez de la sensation, optez pour la version non censurée (celle que l'on a choisie), qui vous offre toutes les scènes de déchiquetage copieux lors des festins des zombie, totalement absentes dans la version cinéma (ou coupées à quelques secondes). Ainsi, on repense à la scène où
un humain se fait littéralement dévisager, un autre se fait éviscérer par la bouche, et toutes les scènes qui déroulent les tripes comme les tuyaux d'un camion-citerne ("y'a encore du mou, c'est le cas de le dire !").
Et si vous le pouvez aussi, prenez l'option bonus des commentaires audio de George Romero, qui s'éclate à parler de tout et de rien, surtout de rien, ce qu'on adore : entendez-le seulement crier "C'est ma fille !!!" lorsque la garde descend un zombie pris dans les fils électriques, avec toute la fierté du papounet, ou encore "C'est Simon Pegg, le zombie ! En référence à Shaun of the Dead !", "Le garde, c'est le second réalisateur !", "C'est Savini !", et carrément "C'est moi !" quand on passe devant le marionnettiste à la voix fluette... Car, on le comprend vite, Land of the Dead est un film de potes, le budget en plus. Il a été tourné par des nuits glaciales à Pittsburgh, où tout le monde se gelait tant qu'ils accéléraient le rythme et tournaient peu de re-shoots, ce qui explique tous les défauts que Romero pointe du doigt tout au long du commentaire ("Ah zut, on a oublié sa blessure au bras", "Oh non le panneau lumineux en arrière-plan...Y'a pas d'électricité, là", "Ah on n'a pas gardé la scène où il dit qu'il a un gilet pare-balle ? Du coup on comprend pas pourquoi il se relève..."). Mais si la liste n'en finit pas des bourdes, liste à laquelle on rajoute subjectivement la laideur des animations (la tête-yoyo, l'explosion qui fait voler les zombies...), en revanche on trouve de nombreuses qualités, à commencer par les maquillages "faits main" réussis, par l'endurance des acteurs et figurants (on voit qu'ils font de la buée sans trucage), par Simon Baker qui fait la majorité de ses cascades lui-même (eh oui ! The Mentalist : Protocole Zombis), et surtout le lâcher-prise sur les scènes de gore (vraiment, optez pour la version entière !). Si le film en lui-même ne nous a pas embarqué, écouter Romero nous l'a fait redécouvrir avec plus de sympathie .