"Fog" est un Carpenter vraiment très solide. Pas forcément son meilleur : on lui préfèrera notamment son remake "Le Village des Damnés", "L'antre de la folie", "Christine" ou encore, bien entendu, son indispensable "The Thing", véritable chef-d'oeuvre, film de toute une carrière. Mais ce métrage ci à ses arguments pour se défendre face à ses confrères, des arguments qui le hissent tout de même dans les grandes réussites des réalisations de Big John. Bien entendu, "Fog" possède pour lui une réalisation d'exception : comme d'habitude avec "Carpenti", il nous livre un travail remarquable, mélange de fantastique et d'épouvante, mix des plus efficaces. Il n'a pas perdu la main, et en tant que Grand Maître du fantastique, voilà que son métrage fait partie des meilleurs du sous-genre "Revenants". "Fog" est avant tout un film d'épouvante très efficace, une sacré réussite plastique et artistique, une oeuvre bien plus maîtrisée qu' "Assaut" qui, même s'il n'appartient pas du tout au même genre, demeure tout de même un film clé de la carrière de Carpenti. Comme d'habitude avec ce dernier, la mise en scène est aussi variée qu'inventive, et jouit de très beaux effets de réalisation, tous plus appréciables les uns que les autres. Big John nous fait une démonstration de talent, et nous fournit des scènes tout simplement inoubliables de beauté poétique, presque lyrique : il vous suffira d'apercevoir la fin du film, avec le plan au dessus de la cathédrale, pour saisir toute la grâce du truc, qui s'avère tout simplement magnifique. Il y persiste une certaine maestria, une virtuosité dans la gestion des images, dans l'alignement des plans de caméra, chose que seul Bog John savait opérer à ce point. Avec tout son talent, il parvient à mystifer ses monstres, croques-mitaines inventés par ce film, à la manière de Michael Myers pour les besoins de "La Nuit des masques". Et grâce à sa mise en scène de haute volée, Carpenter parvient à instaurer une vraie ambiance dans son film, à lui offrir une aura mystique, à rendre sa tension efficace et palpable, au point de mettre en oeuvre un suspens qui fait mouche, un suspens qui ne nous fait lâcher l'écran d'une seconde : on est scotché dès que les monstres arrivent, et il faudra attendre la fin pour pouvoir revenir à un état "normal". Et il est là le talent de Carpenter : il vous fait voyager pendant une heure trente. Parvenant à rendre son film déroutant via une atmosphère très atypique, on ne sait plus trop où l'on est : sur notre siège, ou dans la réalité virtuelle du film? Enfin, c'est comme ça que je l'ai ressenti, ce film, c'est purement personnel. Niveau scénario, c'est excellent. Même s'il m'a fait pensé à un épisode de Scooby Doo que je regardais étant petit ( je vous jure, je rigole pas ! ), il faut avouer qu'il est de très bonne facture. Original à souhait, le mobile pour justifier le retour des morts est le meilleur qui soit, notamment pour l'époque, alors que ce genre de scénario n'était pas trop monnaie courante ( on lui préférait le mythe des zombies, bien qu'assez proche de celui des revenants ). Et en parlant de zombies, on sent nettement l'influence de "La nuit des morts vivants de George A. Romero", autant dans la manière qu'on les morts de se mouvoir et dans l'histoire en elle-même. Pas trop de longueurs dans le cas présent, normal, il commence vite. Bien sûr, niveau bande-sonore, c'est toujours le top du top chez Carpenti : elle est vraiment très belle, on la retient sans problème; je dirai même plus, elle a quelque chose de très marquant, de presque inoubliable. Outre des acteurs tous très bons, une chose est à constater pour ce "Fog" : il pourra autant vous plaire que vous déplaire, la faute à une réalisation atypique à une histoire déstabilisante et inhabituelle. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié. A voir ou à ne pas voir, il en va de votre ressors, cette fois-ci.