Noyade interdite est un film qui ne m’a pas vraiment convaincu. J’ai été assez déçu de ce métrage, qui semble avoir de quoi surprendre et intéresser, mais qui s’avère finalement peu emballant. La faute, entre autres, à un rythme lancinant. Le rythme est mou, et d’une impressionnante linéarité. Même lorsqu’on retrouve les cadavres c’est aussi dynamique qu’un épisode de Derrick ! A part une colère de Noiret, on avance dans la ouate, et c’est très désagréable. Malgré quelques répliques incisives et la nudité à tous les étages des actrices, Noyade interdite se noit pour le coup, et l’enquête soporifique, les rebondissements totalement pas mis en valeur finissent par avoir la peau du spectateur un peu désintéressé.
On sent qu’il y a un potentiel de fond, en dépit d’un suspens faiblard et d’un côté décousu désagréable, mais vraiment, le traitement ne suit pas, et ce n’est pas le premier film de Deferre qui me donne cette impression d’une narration chaotique.
Le casting est plaisant, mais pas exceptionnel. Les actrices servent finalement surtout pour leur plastique, et c’est vrai que là le film envoie du bois ! Rien que la séquence d’ouverture est énorme. Je regrette que les personnages en eux-mêmes ne soient pas plus creusés, car il y avait des choses à explorer. Noiret est bon, mais il manque un peu de tranchant, dans un rôle qui n’est clairement pas son meilleur. Marchand semble plus à l’aise, mais dans un rôle ingrat qui ne lui permet pas franchement de briller outre mesure (il a quand même reçu un césar, pourtant ce n’est pas mémorable plus que cela). Pour ma part, par certains aspects (scénaristiques aussi), on se croirait dans un Chabrol (style inspecteur Lavardin), avec par moment les mêmes qualités et les mêmes défauts, mais il y avait de quoi faire mieux de cette galerie d’acteurs et de personnages haut en couleur.
Reste l’ambiance de bord de mer, de villes résidentielles avec saison touristique, une photographie claire et l’esthétique féminine diaboliquement séduisante. Le film n’est pas un bijou visuel, mais il y a une certaine élégance, et la mise en scène, si elle ne donne guère de punch à l’ensemble, parvient à offrir quelques belles séquences contemplatives.
Pour ma part, Noyade interdite méritait surtout un traitement beaucoup plus vif. La verve d’un Poiret, l’acidité d’un Chabrol, la bande son eighties pleine de percussions, tout cela manque dans un film beaucoup trop plan-plan, dans lequel les tentatives « méchantes », qui ne manquent pourtant pas, sont noyées dans un ensemble d’une rare mollesse. 2