Le Labyrinthe de Pan est un film qui est depuis maintenant longtemps et ceux pour toujours je crois gravé en moi ! Cette histoire fantastique possède bien des sens de lectures, d'un coté son monde réelle situé en 1944, peu après la victoire Franquiste et de l'autre coté, dans ses bas-fonds, le mystique et l'imaginaire. Le lien est d'ailleurs très étroit et contesté par la narration et le regard porté sur l'histoire elle même, sans cesse questionné d'ailleurs, l'enjeu est toujours brouillé ...
Ofelia, dont on se prend d'affection dès sa toute première apparition entrouvre les portes et magnifie le film de sa présence. La toute jeune actrice Ivana Baquero est étincelante sous les traits de son personnage. Elle bouleverse et touche avec une immense grâce. Son sort dans le long-métrage est tour à tour remis en cause, j'ai beau le voir et le connaitre par cœur, j'ai mal à chaque fois. Le constat s'applique pour d'autres personnages Mercedes, Carmen, Pedro ou bien le Docteur qui sont eux aussi plongés dans un monde qui les rebutent et les fait atrocement souffrir. Les scènes poignantes ne se comptent pas dans El laberinto del fauno, magnifique titre par la même occasion. Puisque je suis en train d'évoqué le casting il me faut forcement mentionné Sergi Lopez dans un rôle qui fera date. Il incarne le mal, le fascisme dans sa plus cynique cruauté ... Le Capitaine Vidal comme il se nomme est le psychopathe aliéné par la haine et son désir de répandre la mort. L’assassinat des deux paysans dans les débuts donne le ton à la démence du personnage. Suivrons torture, intimidation et une succession d’exécution entre deux théories sur le plaisir et le devoir. La montre de son père et ses pulsions de morts s'appliquent sur sa pensée, la scène ou il se rase ne laisse planer aucun doutes et que dire de l'assaut contre ses opposants ou il invective ses hommes car pour lui le combat est la seule fin digne de ce nom ! Il n'y a que la berceuse ( et les ultimes mots ) de Mercedes comme moment de tendresse dans cette horrible dénouement pour faire oublier cette atroce personne ...
Dans cette entre-deux mondes comment ne pas évoqués ces créatures à la fois repoussantes mais qui vivent aussi dans ce qui ressemble le plus surtout en comparaison avec sa surface à un " compte de fée ". On pense un peu à Burton pour le coup. Le Faune est fascinant d'entrée de jeu, sa première apparition marque les esprits tant il est si mystérieux mais semble pour autant très familier. Celui qui à les réponses et pourtant ... Quid de ses intentions ? Doug Jones dans une composition qui lui sied à ravir endosse le costume d'un autre personnage qui cette fois n'est pas du tout ambigu. Ce monstre squelettique ne laisse lui non plus aucune place aux doutes et sa dangerosité fait froid dans le dos. Il est répugnant, mesquin et offre un pendant à l'horreur de coté-ci aux atrocités d'en haut.
La mort frappe violemment dans ce film signée Guillermo del Toro. On sent sa colère monter, son désespoir aussi, sa résignation également. Enfin, pour cette dernière je penche pour une fin tragique ce coup-ci mais les autres fois c'est bien avec les yeux et le sourire de la jeune Ofelia que j'avais quitté ce film et j'ai l'impression que del Toro choisit aussi cette lecture là. Le Labyrinthe de Pan est un songe tragique, une rencontre entre l'innocence et la brutalité, le rapport est inégal et pourtant la confrontation à lieu et les choses se mouvent, avance et dessine une hypothétique sinécure ...
Un des films qui me touche le plus dans ma filmographie qui commencent maintenant à être bien garnit. Une base, un référent, un endroit ou je reviens toujours. Cela faisait 7 ans tout de même ... Chaque seconde m'accompagne toutefois, comme je l'ai déjà écrit, un long-métrage gravé en moi !