Voilà un film de très bonne facture, que nous sert le réalisateur de " Blade II " (entre autres), Guillermo del Toro. Le pari de mêler l'Histoire (on se retrouve dans un conflit découlant de la guerre civile espagnole, entre les franquistes et les rebelles) au fantastique (le fameux labyrinthe du faune, et non de Pan) était risqué, mais le cinéaste mexicain parvient à éviter les écueils et nous livre un long-métrage qui en dit long sur la condition humaine. Les images, tantôt très colorées (monde féérique, cf. scène du Crapaud; séquence du banquet), tantôt sombres et bleuâtres (monde réel) témoignent d'un boulot indéniable du directeur de la photographie, Guillermo Navarro, notamment récompensé aux Oscars; les maquillages, les effets visuels et les décors sont de très bonne facture; le scénario, bien qu'un peu déroutant par l'aspect historico-fantastique, tient la route et ne tombe pas dans le grotesque auquel on aurait pu s'attendre. Surtout, cette incursion du merveilleux dans le réel est savamment orchestré, et la scène finale qui voit Ofelia mourir dans un monde pour revivre dans un autre, montre toute la grandeur de cette dichotomie des mondes. Les acteurs jouent tous très justes: Sergi Lopez, éviemment, dans le rôle du méchant de service, et Ivana Baquero, âgée de douze ans au moment du tournage, et qui campe le personnage d'Ofelia, en tête. Cette dernière semble être l'une des seules à garder la raison, quand bien même sa mère lui reproche de se plonger dans un monde féérique parallèle et inexistant. Preuve que del Toro exergue le monde chimérique de l'imagination, le conte du fée, qui peut parfois snous aider à supporter la réalité d'un monde qui nous dépasse, jusqu'à nous devenir totalement étranger.