Le merveilleux. La beauté de l'imaginaire face à l'horreur du monde réel.
Ce film nous plonge tantôt dans un monde réel froid, en pleine guerre civil espagnol, tantôt dans l'univers magique tout droit sortie de l'esprit d'une jeune fille, subissant malgré elle cette réalité et ne pouvant rien faire d'autre que la fuir.
La réalité, caractérisé par une image terne, grise, triste, et des récits entrecroisés
menant bien souvent à des morts, sans distinction de camp ou d'importance des personnages
, y est ici parfaitement retranscrite. Le jeu d'acteur des personnages renforçant l'ambiance (coup de cœur pour le général, poignant et terrifiant), tout est tristement réel, on s'y croirait.
Le monde imaginaire y est coloré, coloré du bonheur et du malheur de l'héroïne, il évolue avec elle, essayant de rester à l'écart de la guerre, à l'écart de la réalité. Le fait que le personnage principal soit enfant fait une grande partie du film. Sa "fuite" paraît en effet plus légitime, on ne la prend pas pour une folle mais pour une victime des évènements, son rêve nous paraît crédible car seul les enfants ont encore le droit de rêver dans un monde comme celui qui nous est présenté. Encore une fois, le jeu d'acteur est impressionnant, surtout pour une actrice aussi jeune.
Le scénario nous fait vivre ces deux mondes, cette beauté fantastique, cette réalité qui nous rattrape. On a peur de connaître la fin (qui nous est montrée en début de film), on la refuse parfois, et, tout comme l'héroïne, on préfère ce monde merveilleux, on s'y accroche jusqu'au bout, dans une scène finale absolument parfaite, où l'on peut enfin souffler tout l'air qu'on a retenu pendant ce film.
Chef-d'Œuvre.