Loin d'être horifié par les exécutions sommaires de ce jobless killer, on se prend de sympathie pour la compassion avec laquelle notre héros abrège les affres et tourments de ses compagnons de chômage. Métaphore de l'apreté de la la lutte que se livrent les cadres sup pour décrocher le "job", et sachant qu'il n'y aura à la fin qu'un seul élu, commence pour José Garcia, étonnant de détermination, un chemin christique qui doit le conduire à réunifier son clan, sa tribu, sa famille, en retrouvant le "job", celui qui le fera de nouveau exister socialement, autant dire exister tout court. Car l'enjeu n'est pas de trouver du travail pour vivre et faire vivre sa famille (des compagnons d'infortunes qui ont des jobs de transition se suicident), mais retrouver le statut social qui redonnera à ses yeux et aux yeux des siens, sinon un sens, au moins le droit d'exister dans cette société. Les effets sont certes marqués (la recurrence des pubs pour les voitures, les maisons, le sexe, ...qui apparaissent sur des abribus, des camions) mais c'est pour mieux appuyer la démonstration. La morale n'est plus "tu ne tueras point", "tu ne voleras point", ce qui ne tracassent pas trop notre heros, mais "tu ne seras pas au chomage", qui est le péché ultime. Les policiers qui viennent l'interrogent ne le malmènent pas trop jusqu'au moment où José Garcia, leur souhaitant de trouver au plus vite l'assassin, se voit répondre: "on travaille ...", ahhh quelle terrible coup de poignard, qui renforce encore davantage sa détermination à continuer et à finir le job, quel paradoxe! Bien réalisé, bien interprété, on sort un peu effrayé de cette fable sociale, par son accuité et son réalisme.