On peut dire que le scénario de l'homme dans le placard qui vient te terrifier enfant pendant la nuit n'est pas très original. Le film commence ainsi, avec un petit garçon ( Tim ) qui a peur des ombres dans sa chambre, lui donnant l'impression d'avoir le croque-mitaine qui le guette dans le noir. Heureusement son père est là pour le rassurer, mais hélas il se fait enlever par l'homme dans le placard, et depuis Tim a une réelle phobie des placards
( comme en témoigne son appartement avec aucune porte dans les pièces et sur les placards, sauf le frigo ... mais la porte est vitrée; je vous rassure il y a qu'en même une porte d'entrée )
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Dit comme ça, on s'attend pas à avoir un film d'horreur d'exception, et pourtant cette première scène est de loin la meilleure du film, notamment par sa sobriété.
Oui, je reproche à ce film de vouloir trop en faire dans les effets qu'ils soient sonores ( bruit du vent amplifié au passage des feuilles qui tombent à l'automne, et bande sonore en elle-même ) ou visuels ( beaucoup trop de travelling et/ou de zoom avant en accéléré, pseudo-screamer, effet brumeux, travail chromatique effectué numériquement ).
Le gros point négatif du film est là, dans la gestion des mouvements de la caméra et du rythme surtout. Il se passe tout le temps quelque chose, même quand il n'y en a pas besoin. Le film se construit sur des moments calmes ( comme le personnage de Tim dont le jeu est posé, lent ) suivis peu de temps après par quelque chose de plus agité, soudain, brutal ( zoom accéléré par la camera, sreamer ). Cela détruit l'effet de surprise, on s'attend toujours à quelque chose. Le mouvement de la camera ou d'objet dans le champ de vision est cependant parfois réussi
( notamment la scène avec le corbeau s'écrasant sur le par-brise et Tim qui perd le contrôle de son véhicule ). J'ai tout de même bien aimé quand Tim franchit les portes d'un placard et ressort d'un autre placard dans une autre maison, mais ça ne sert pas le scénario; si c'était pour faire revivre les souvenirs du personnage enfant, que l'on nous présente quand il retourne dans sa maison, ça aurait été plus cohérent.
Mais il y a un autre point noir : le scénario. On ne comprend pas trop le message que veulent nous faire passer le réalisateur et les scénaristes de ce film. Le boogeyman est censé n'attaquer que les enfants, et pourtant il attaque Tim encore adulte, peut être parce qu'il n'a pas réussi à le capturer petit
( si c'était ça, ça expliquerait la disparition d'autres enfants, mais ça n'explique pas pourquoi il s'en prend à sa famille et ses amis comme sa copine Jessica qui se fait enlever lors de son bain, alors qu'il ne s'agit pas d'un placard... ). Et encore, une scène coupée montrait le Boogeyman dehors dans le parc avec la brume.
Par ailleurs, d'autres éléments du film laissent penser qu'il s'agit d'autre chose
( la visite à l’asile psychiatrique dans lequel il allait enfant nous explique l'origine de son traumatisme depuis la disparition de son père, ainsi que les souvenirs qui nous sont montrés quand il retourne dans la maison de son enfance : il a inventé cette histoire de boogeyman pour supporter le fait que son père l'a en fait abandonné ). Il est donc retourné dans sa maison d'enfance pour affronter sa peur ( comme le dit le fantôme de la petite fille ) et donc accepter la réalité qu'il s'est refusé d'accepter pendant tout ce temps ( la scène coupée où l'on voit sa mère dépressive prendre des médocs, va dans le sens du père qui a laissé sa famille ). Mais ces éléments sont tellement noyés par l'ambiance de surprise permanente du film, de la disparition des autres enfants, du fait que sa copine d'enfance Kate voit le Boogeyman adulte, et que le Boogeyman attaque son oncle et sa petite copine, que cette hypothèse ne parait pas crédible.
Quant au jeu des acteurs ils sont corrects. Barry Watson ne joue pas mal, mais tout le long du film il est apeuré, dans ses angoisses. Cette monotonie de jeu ne permet pas au spectateur d'accompagner les émotions du personnage principal. En revanche, Kate joué par Emily Deschanel, a cette variation d'émotions qui contribue à faire vivre la même peur chez le spectateur.
Je suis désolé mais le personnage de Jessica m'irrite, et quant au final, il fallait qu'il en envoie pour compenser le rythme du film. ( et encore, le final du film est bien mieux que la fin alternative présente dans les bonus, où les effets spéciaux sont encore pires, font très amateurs; le boogeyman du film, même si on comprend le traitement numérique, est correct ).
En somme, ce film a tellement abusé des codes des films de l'horreur, qu'il ne nous fait plus peur ( même si j'ai eu quelques sursauts ).