Crustacés et coquillages a été présenté en 2005 au Festival de Berlin dans la section Panorama. Il y a décroché, ex aequo avec Va, vis et deviens, le label Europa Cinémas, remis par le réseau de salles de cinéma européennes à un film de la section Panorama.
Jacques Martineau expose la philosophie, joyeuse et pacifique, de Coquillages et crustacés : "Cette histoire a le parfum d'une utopie, celle d'un monde dans lequel le jeu des désirs ne mène pas forcément à l'affrontement. Dans la vie, une alternative existe à la concurrence ou à l'opposition, des solutions à l'amiable peuvent être envisagées. Je trouve que nous vivons dans un monde où l'on essaie de nous faire croire que l'affrontement violent des désirs serait le seul mode de relation sociale. Je réfute cela. Notre histoire s'apparente à un conte moderne où tout se termine par des "mariages" et des chansons."
Les cinéastes se souviennent : "D'habitude, c'est plutôt moi qui suggère un sujet à partir duquel Jacques se met à écrire seul, avant que nous ne reprenions le travail ensemble", commence Olivier Ducastel."Pour ce projet, j'avais commencé de mon côté la rédaction d'une version gay de La Femme d'à côté que je n'ai pas terminée..." Jacques Martineau confirme : "Olivier a commencé à me parler du projet et, en discutant, l'envie d'un film plutôt drôle nous est venue. Et pourquoi ne pas aborder frontalement la comédie ? À partir de là, j'ai repris l'écriture. Cela nous a amusé de nous fixerdes contraintes, par exemple celle du décor unique - une villa -, une unité de temps - un mois d'été -, une famille en vacances, des personnages qui suivent leurs désirs, des quiproquos, des secrets, des mensonges... Et nous voulions traiter le tout avec drôlerie, sincérité et franchise, sans second degré."
Après une comédie musicale à la manière de Jacques Demy (Jeanne et le garçon formidable) et un road movie au cours duquel on entendait Sami Bouajila fredonner (Drôle de Félix), la chanson et la danse tiennent encore une place importante dans ce quatrième long métrage d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Le titre du film, Crustacés et coquillages, est un extrait de Chanson d'un jour de pluie, un titre interprété dans le film par Valeria Bruni-Tedeschi et Gilbert Melki. Ce morceau, dont les premiers mots sont "Sur la plage en plein été / Coquillages et crustacés..." rappelle bien sûr La Madrague, succès de fin d'été de Brigitte Bardot (Sur la plage abandonnée / Coquillages et crustacés...). Comme pour leurs oeuvres précédentes, les cinéastes ont travaillé avec le compositeur Philippe Miller et la chorégraphe Sylvie Giron. Une longue scène de danse attend le spectateur au terme de Crustacés et coquillages : c'est en découvrant la scène finale de Zatoichi de Takeshi Kitano que les cinéastes ont eu envie de conclure leur film de cette manière.
Les réalisateurs évoquent leur rapport au vaudeville, un genre qui a ses conventions, ses traditions : " Plus que de le renouveler, nous avons essayé de nous glisser dans ses codes pour voir comment en jouer, en les tirant un peu à droite et à gauche. Ici, l'amantn'est pas dans le placard mais dans le pot de fleurs !", note Jacques Martineau. Olivier Ducastel ajoute pour sa part : "Nous avons travaillé avec notre imaginaire, nourri de quelques auteurs et de certains spectacles, sans faire de recherches particulières. Nous possédons cette culture qui va de pièces avec Jacqueline Maillan vues à la télé à celles de Feydeau ou Labiche montées au théâtre, par exemple, par Michel Raskine ou Julie Brochen." "Et au cinéma le film Pour rire! de Lucas Belvaux qui nous a beaucoup amusés", conclut Martineau.
Les personnages de Coquillages et crustacés passent beaucoup de temps sous la douche. A propos de cette obsession, les cinéastes s'expliquent : "Dès l'écriture, nous avons prévu ces scènes de douches qui en disent long sur tous les personnages et leurs désirs. Le plombier mis à part, chacun passe sous la douche et pas uniquement pour se laver ! C'est très rigolo à préparer : il faut en effet choisir le bon degré de dépoli afin de conserver la sensualité ou l'érotisme recherché sans tomber dans la vulgarité", souligne Olivier Ducastel."Aujourd'hui, les adolescents se lavent beaucoup : que cachent ces douches à répétition, est-ce uniquement l'amour de la propreté ? J'en doute", s'interroge Jacques Martineau."Et puis, ce que dit Béatrix est tout à fait vrai : "à force de se laver, on s'abîme la peau et on ruine la planète.""
Ducastel et Martineau retrouvent Jacques Bonnaffé, qui jouait le rôle d'un militant d'Act-up dans leur premier long métrage, Jeanne et le garçon formidable. Le comédien jouait également dans Le Goût de plaire, court-métrage réalisé par Olivier Ducastel en 1987.
Comme dans tout vaudeville qui se respecte, les portes claquent dans Crustacés et coquillages... Le temps consacré à tourner ces scènes a été particulièrement long, comme le confie Olivier Ducastel : "Les claquages de portes, nous nous sommes appliqués non seulement à les écrire, mais à les tourner et à les monter ! Nous avons passé deux jours à filmer des acteurs sortant et entrant. On finissait par tous avoir la tête qui tourne. Nous pouvons envisager d'écrire un traité sur "les mille et une manières d'ouvrir, de fermer, declaquer les portes" !"
Un soin particulier a été apporté au générique de début. Olivier Ducastel explique : "On a longtemps eu l'envie d'un générique constitué de photos de vacances des personnages. En raison du peu de temps de tournage, nous avons dû abandonner cette idée. Nous avons parlé à notre producteur, Nicolas Blanc, de notre envie d'un vrai générique musical et dessiné, type Saul Bass en somme, mais version coquillage ! Un générique qui invite le spectateur à plonger dans l'univers du film. La rencontre avec Stéphanie Lelong et Olivier Marquezy, qui ont notamment participé au générique d'Arrête-moi si tu peux s'est révélée fructueuse."