Présenté dans de nombreux festivals, La Nuit de la vérité a notamment été récompensé à San Sebastian (Prix Montblanc du Meilleur Scénario en 2004), au Festival des Premiers Films d'Annonay (Prix du public en 2005), au Fespaco (Prix TV5 du Meilleur scénario en 2005) et au Festival International de Fribourg (Grand Prix Regard d'or).
"La nuit de la vérité est un film écrit à la mémoire d'un homme. Accusé d'avoir fomenté un coup d'état, il fut d'abord torturé et emprisonné. Une nuit, des hommes préparèrent un barbecue, l'attachèrent et le firent cuire à petit feu jusqu'au matin. A sept heures du matin, il mourait atrocement. Cet homme était mon oncle. Il y eut aussi ce vendredi noir où des Musulmans de mon quartier, à Ouagadougou, s'entretuèrent à coups de couteaux et de machettes parce qu'ils ne s'entendaient pas sur le choix du nouvel imam. Des sages ont pu calmer les esprits et éviter une guerre civile. Enfin, comment oublier la Yougoslavie, le Rwanda, le Burundi, le Soudan, le Zaïre, le Congo... mais aussi tant d'autres du pays du monde confrontés à des guerres civiles ? Sur le thème des rivalités ethniques, nous avons voulu écrire un drame "shakespearien". La violence et la cruauté n'y sont pas exposées avec complaisance, mais intégrées à une progression dramatique."
La Nuit de la vérité est le premier long métrage de Fanta Regina Nacro, réalisatrice née en 1962 à Tenkodogo, au Burkina Faso. Etudiant le cinéma à Ouagadougou et Paris, elle débute comme stagiaire sur Yam Daabo de Idrissa Ouedraogo. Auteur d'une quinzaine de courts et moyens métrages qui font le tour des festivals, notamment Bintou, présenté en 2001 à la Quinzaine des Réalisateurs, elle fonde en 1993 sa maison de production, Les Films du destin. Si, dans ses oeuvres antérieures, Fanta Regina Nacro choisissait le plus souvent l'humour pour évoquer son pays, et la complexité des liens entre tradition et modernité, elle adopte un ton plus grave dans son premier long métrage. La Nuit du destin a été vu par 50 000 spectateurs au Burkina-Faso.
La cinéaste précise que si elle a souhaité situer l'action de son film dans un pays imaginaire, c'était "pour rendre compte du caractère universel du sujet : la fragilité de la paix et la nécessité de la réconciliation" Elle ajoute : "Le colonel représente tous les bourreaux du monde, avec son double visage : à la fois tendre et doux et d'une cruauté inouïe. Il y a aussi la femme du président qui vit dans une folie perpétuelle, qui n'a pas encore fait le deuil de la perte de son fils. Et qui est animée par le désir impérieux de découvrir la vérité. Mais lorsqu'elle découvre ce qui s'est passé, elle devient à son tour une tortionnaire, pire encore que ses bourreaux. C'est là le vrai problème que pose le film : que faire de la vérité lorsqu'on l'a enfin découverte ?"
Par souci de crédibilité, la réalisatrice a fait appel à de véritables militaires pour tenir les rôles de soldats. L'un des personnages principaux du film, Theo, est ainsi interprété par le Commandant Moussa Cissé, qui participa à une mission pour la paix au Burundi, en tant que volontaire des Nations-Unies.
La cinéaste explique que si trois langues différentes sont parlées dans son film, c'est "tout simplement parce que les Nayaks et les Bonandés [les deux ethnies] parlent chacun dans leur langue, mais pour se comprendre entre eux ils utilisent le Français, la langue du colonisateur, parlée et utilisée par les deux ethnies rivales."