Ce fil est MA-GNI-FIQUE! Si!
Bien sûr, les paysages sont grandioses, mais encore faut-il savoir les filmer, que ce soit sur ou sous la glace. Et puis comment ne pas être fasciné par les manchots empereurs? Ils lancent un pied-de-nez gigantesque à l'hostilité de leur biotope. Et ils sont beaux! Du blanc au noir, avec un rien de camayeux orange pour faire "chanter la masse", leurs silouhettes, à la fois pesantes et grâciles, se découpent avec finesse sur l'immensité glacée du désert blanc. Leur stature verticale, doublée d'une démarche sautillante, nous les présente comme autant de petites bonnes femmes et bonshommes, touchants, drôles, parfois pathétiques. De là à se vautrer dans l'antropomorphisme béat, il n'y a qu'un pas... Et c'est là que le bât blesse, car Luc Jacquet le saute à pieds joints, ce pas. Le choix de doter de voix humaines un couple de manchots et leur rejeton n'est guère en cause. Pas plus que la qualité des prestations de Romane Bohringer, Charles Berling et Jules Sitruk. Ni celle du texte, dont la poésie du phrasé et la pertinence lexicale composent des dialogues convaincants et séduisants. Non, ce qui (me) gêne, c'est le point de vue: ces manchots semblent pourvus de sentiments humains, construits dans un appareil psychologique où l'instinct aurait laissé sa place à l'amour, la tristesse, la rage, la pitié, la jalousie... A mes yeux, nous ne sommes pas loin de la malhonnêteté intellectuelle, d'autant que j'aurais apprécié qu'on me propose (un peu) plus d'informations documentées. Cela dit, cela pas grand'chose à l'attrait du film. Beaucoup moins que la mauvaise musique d'ascenseur (pléonasme!), totalement inadéquate, qui nous arrache à la contemplation pour nous porter sans rémission sur les nerfs. D'accord, quand Emilie Simon, chante, ça fait beaucoup moins "Bienvenue chez Otis", mais bon, elle chante... Si on peut appeler ça comme ça...