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Dora M.
64 abonnés
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3,5
Publiée le 19 décembre 2020
Pierre Van Groot est batelier, propriétaire de deux péniches et arpentent le Nord de l’Europe avec son épouse Griet et la sœur de celle-ci, Marthe. Il embauche Michel pour être pilote d’une des deux péniches, Marthe ne semble pas indifférente à celui-ci, mais Griet le trouve louche. C’est un film muet original et moderne. En effet, il y a tout un aspect documentaire très intéressant, on voit le travail sur les péniches, les commerçants, les marchés… Il est clairement le reflet d’une époque, sans artifice. Les plans et la façon de filmer sont esthétiques et variés. Contrairement à un film muet classique où les acteurs sont toujours un peu démonstratifs, ce n’est pas du tout le cas ici, l’interprétation est sobre et donc moderne. Certes, c’est un peu lent, mais c’est beau et intéressant. De plus, une tension monte petit à petit tout le long du film, on sent l’arrivée d’un drame. Le final est assez surprenant. Pour finir, la musique est très belle et crée une vraie atmosphère, tout en étant très importante par rapport aux intentions et sentiments des personnages.
Comme dit dans le petit texte au début du film, la sobriété du jeu des acteurs est exceptionnelle pour l'époque. On le remarque assez vite, ce qui change de nombreux films des années 20 où le jeu des acteurs peut surprendre. Il est dommage que ce film soit si peu connu et qu'il n'ait été assemblé qu'après la mort d'Antoine. Même si la mise en scène n'est pas terrible, le scénario (pour l'époque) se tient bien et la composition photographique des plans est bien travaillée. Certes on a toujours cette qualité d'image qui enlève un peu au côté moderne de la chose, mais cela reste tout de même un grand travail, peut-être pas ridicule à côté de l'Aurore de Murnau et son côté tout aussi moderne.
Une rareté. Tourné en 1920, ce film a été monté et montré en projection privée en 1924. Pas assez « fiction », trop « documentaire » selon Charles Pathé, le distributeur, qui refuse de le sortir en salles. La copie est ensuite perdue. Et ce n’est qu’en 1982 que l’on retrouve à la Cinémathèque française un négatif non monté et des rushes. Un nouveau montage est alors confié à Henri Colpi qui s’appuie sur le scénario original de Gustave Grillet et les notes d’André Antoine. Le film est montré pour la première fois au public en 1984. André Antoine, grand homme de théâtre (fondateur du Théâtre Libre), fut aussi le réalisateur de huit films entre 1917 et 1922, auxquels il a appliqué ses théories naturalistes. Pas étonnant de découvrir dans sa filmographie une adaptation d’un roman de Zola, La Terre. L’Hirondelle et la Mésange témoigne ainsi d’un style annonciateur du néoréalisme, attentif aux détails du quotidien. Les acteurs jouent avec simplicité et naturel. La caméra, placée le plus souvent sur les péniches, évoluant au fil de l’eau, enregistre de longs travellings sur des paysages mélancoliques, qui exercent un vrai charme. Et contrairement à ce que disait Pathé, il y a une dimension fictionnelle, avec un récit bien maîtrisé, assez subtil pour évoquer les tensions sur les bateaux, et audacieux dans son dénouement, très noir. Une grande réussite. À noter : une jolie ritournelle a été composée par l’accordéoniste Marc Perrone pour accompagner les images de ce film muet.