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Jean-François S
51 abonnés
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4,0
Publiée le 14 mars 2008
Pays de cinéma depuis ses origines, la Russie et ses 3/4 de siècle de propagande communiste a donné malgré tout des cinéastes majeurs reconnue et influant dans le monde entier. Avec la chute du bloc communiste, on aurait pu croire que cela permetterait aux cinéastes de ce pays à s'exprimer enfin librement. Or rien ne s'est produit et on attend toujours la relève de Tarkovski ou Mikhalkov. Voilà peut-être des prétendants sérieux à ce titre, Boris Khlebnikov et Aleksei Popogrebsky co-signent ce premier film dans l'esprit du cinéma russe. Un film calme et contemplatif mais filmé avec un sens de l'esthétisme aïguisé à l'image des films de Tarkovski. Un début très prometteur...
Des dialogues peut-être un peu faiblards au début ? Il faut rentrer dans cette lenteur, et comprendre ce garçon fasciné par la liberté des oiseaux, symboliquement l'albatros. Atmosphère poétique, prises de vue à hauteur du jeune. Un naturel qui fait du bien, on est globalement au calme, hors people et fouillis d'images, on suit un père abîmé, influençable, et son fiston décidé, exigeant que paroles et actes soient un peu plus en harmonie (ce pourrait être dans n'importe quel pays). Des plans fixes,un propos en creux,de l'ambiguïté. Les grandes étendues russes, le dialogue plus par gestes ou mimiques que par la parole,la vodka quasi-obligatoire, peuvent dérouter.L'accroche réside dans la beauté de l'image et l'anecdotique(wc près des rails, linge à sécher, caleçon du père sur une chaise, parapluie rose déglingué d'un habitant). Portraits savoureux autour de pulsions de base comme méfiance, prise de risque ou calcul, partage équitable, arnaque et aussi attachement irraisonné... L'être humain sous son angle le moins chichiteux. La fin,lucide, peut paraître vaine, elle n'en est pas moins ouverte.
Road-movie fortement arrosé à la vodka, "Koktebel" est un petit film très sympathique qui aurait pu être un ersatz des films de Sharunas Bartas, laissant donc le spectateur sur le tapis. Mais il aurait aussi pu être d'une beauté sidérante et d'une profondeur insondable comme les films de Tarkovski. Ici, on n'est ni dans ce cas, ni dans l'autre. Les cinéastes ont un évident talent formel et composent des plans vraiment magnifiques, mais au service d'une histoire somme toute très banale et linéaire, ne laissant guère d'espace pour la reflexion. Les plans séquences sont longs, parfois exagérément étendus, mais l'ensemble n'est pas vraiment ennuyeux grâce à de nombreuses notes humoristiques, un peu à la façon d'un Kaurismaki. Finalement, on retiendra surtout du film les cinq dernières minutes, proprement bluffantes et aussi bien frustrantes, car elles laissent transparaître ce qu'aurait pu être ce film. La forme est belle, reste maintenant à ajouter de la profondeur à l'ensemble pour être pleinement convaincant.