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CeeSnipes
288 abonnés
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3,5
Publiée le 20 février 2014
Après avoir écrit le scénario de L’Arnaque, David S. Ward pouvait faire ce qu’il voulait, tant le film avait marché, succès critique ET public. Il réalisa donc son premier film, Cannery Row, d’après les deux romans de John Steinbeck.
Narré avec grand talent par John Huston, Cannery Row est un film très sympathique si tant est qu’on survive à sa première demi-heure, plus que passable. En effet, une fois la situation posée, on suit avec plaisir Doc et Suzy, joués avec grand talent par Nick Nolte et Debra Winger à travers leurs pérégrinations dans Monterey, entourés d’underdogs chaleureux et touchants, car interprétés par M. Emmet Walsh et Frank McRae, qui enchaînent les gaffes hilarantes, comme le passage où ils offrent des grenouilles à Doc et qu’elles cassent tout son matériel. Le problème réside dans le fait que le film, sans avoir une intrigue digne de ce nom, dure deux longues heures et qu’il est donc particulièrement vain et jamais réellement passionnant. Et c’est malheureusement le matériau d’origine qu’il faut blâmer, dans la mesure où il ne devait probablement pas être adaptable.
Difficile d’en vouloir à David S. Ward. Il a voulu adapter deux romans qui n’avaient pas réellement de matière scénaristique, a tout mis de son côté (dont Jack Nitzsche à la musique) et le film est sympathique. Mais vain.
Adaptation d'un roman de John Steinbeck que je n'ai jamais lu (ce que je regrette car j'apprécie particulièrement cet auteur !!!), "Rue de la sardine" est une oeuvre qui a du charme à revendre. Ce qui fait surtout l'intérêt de ce film, c'est la description affectueuse et drôle qui est faite de sa galerie de personnages, une bande de marginaux pas vraiment comme les autres. Côté interprétation, celle qui tire son épingle du jeu c'est l'excellente, un peu trop oubliée et séduisante Debra Winger. Sans crier au grand film, celui-ci est très plaisant à regarder.
Alors on va avoir un léger problème puisque je n'ai pas lu Tendre jeudi et que cette adaptation regroupe les deux romans. Mais ce que je peux confirmer, c'est qu'elle fait la part belle à la relation entre Doc et Suzie qui n'apparaît pas dans Rue de la sardine au point d'occulter de nombreuses parties du récit. Mac et sa bande sont remisés au 3ème plan, eux qui se promènent en pyjama, la quarantaine bien tassée et encore plus minables que le livre ne le présente, si bien qu'on approche sérieusement de stéréotypes et clichés assez ringards dans la version ciné. Je les voyais plus jeunes, plus fringants. L'épicier asiatique du coin change de nationalité et devient mexicain, on ne sait pourquoi, et la physionomie de la rue inclut une espèce de taudis pourri alors que Mac et sa bande squattent de vrais endroits, voire pour certains vivent avec d'autres personnes. La poésie des marées de Steinbeck est quant à elle transformée en pauvres petites scènes séparatrices montrant Doc fouillant dans les flaques au milieu de rochers escarpés. Où est passée la mystérieuse femme retrouvée dans ces crevasses ? Le rythme est lent, très lent, et je ne trouve pas que les personnages collent avec ce qu'a tenté de véhiculer Steinbeck. En définitive, c'est une version dont on peut se passer.