Bon d’accord : dire que les frères Wachowski sont en roue libre avec un film situé dans le milieu des courses automobiles relève un peu de la blague facile. Mais c’est pourtant la meilleure façon de décrire leur travail sur “Speed Racer”, adaptation de la série animée éponyme qui marque leur grand retour aux affaires. Affranchis de bon nombre de limites (spatiales notamment), grâce à un tournage sur fonds bleus et verts, les réalisateurs se jouent du réalisme et des codes filmiques habituels, et brouillent la frontière entre cinéma, animation et jeu vidéo, avec un certains nombres d’audaces pas toujours très bien vues, à l’image de ces couleurs parfois un peu trop criardes, ou de la quasi frénésie du montage des courses. Lesquelles, aussi fun que spectaculaires, nous entraînent dans un tourbillon de vitesse, où les mouvements ultra-dynamiques ou les zooms à grand vitesse nous permettent de constater que le duo n’a rien perdu de sa maestria visuelle, 5 ans après le pétard mouillé “Matrix Revolutions”. De beaux morceaux de bravoure qui font d’autant plus regretter le manque d’audace d’un scénario trop prévisible et gentillet, qui ne lésine ni sur la morale convenue (avec des messages aussi puissants que “la corruption, c’est mal”), ni sur les bons sentiments, laissant bien trop souvent le film sous la menace de la sortie de route. Mais, à l’image de certains des comédiens (Emile Hirsch, Christina Ricci, John Goodman ou Matthew Fox, chefs de file d’un casting davantage coutumier du cinéma indépendant) qui semblent vraiment s’y amuser, “Speed Racer” parvient à garder ses roues à peu près droites, pour nous offrir un spectacle, certes invraisemblable, mais amusant et loin d’être désagréable. Si les frères Wachowski ne rééditent pas le coup d’éclat du premier “Matrix”, et risquent ici d’en exaspérer plus d’un, leur virage vers le film familial, sans être complètement réussi, est assez bien négocié pour nous donner envie de continuer notre bout de chemin à leurs côtés.