Sin City et 300 ont déjà prouvé que le "tout fond-vert" permettait de réaliser facilement des transpositions indigestes et sans idées. Mais quand les Wachowskis s'approprient l'outil, forcément, ça sent la révolution, ou plutôt la révélation, le moment où l'outil est enfin utilisé pour ce qu'il peut apporter de neuf.
Là, on parle de la mise en scène spectaculaire et décomplexé, expérimental oserait-on dire, de Speed Racer. Les courses et les cascades ont beau être entièrement en images de synthèses, celles-ci fonctionnent grace à un solide sens du découpage, et surtout à un foisonnement d'idées!
Mais une mise-en-scène de malade serait vaine si elle ne servait pas un scénario en béton, et les Wachowskis savent écrire, c'est certain. Le fait que le film ai été écrit pour un jeune public n'empêchera pas ceux qui n'ont pas supporté le cycle cosmogonique des deux derniers matrix de se plaindre, mais c'est un fait, malgré quelques accros, le scénario passe comme une lettre à la poste, ainsi que le sous-texte qu'il porte. Des personnages intéressants et attachants, la lutte de la petite entreprise familiale face à l'empire industriel, le "chevalier masqué" (dont l'identité se devine dès le premier quart d'heure, ce qui permet aux frangins de jouer dessus), des péripéties s'imbriquant parfaitement dans le puzzle...
Niveau montage, c'est du Citizen Kane:flash-back, flas-forward, avec des transitions souvent adacieuses mais toujours murement réfléchi, la narration privilégie l'efficacité à la linéarité.
Et un petit mot sur Spritle et Chim-Chim, les comiques de services dont les gags, à mille lieue des vulgarités d'un Jar-Jar, feront autant rire les petits que les grands.
Enfin bref, Speed Racer, c'est trop génial. LE film de l'année, voir de la décennie, a voir avec une âme d'enfant (que vous n'avez pas perdu en détestant la Menace Fantome ;) )