Speed racer est un métrage pas mal décrié qui a essuyé un échec au box-office. Franchement ce n’est pas un film mémorable, mais pas dépourvu d’intérêt dans son genre, un genre spécial, assez kitsch, qui aurait dû être mieux maitrisé tout de même.
Côté casting on retiendra un excellent méchant campé par Roger Allam. Les scènes dans lesquelles il apparait sont clairement les plus réussies. On retrouve pour le reste une galerie d’interprètes de renommée dans les seconds rôles, avec une surprenante Susan Sarandon, la toujours séduisante Christina Ricci, et un John Goodman bien vu dans son rôle. C’est le jeune Emile Hirsch qui se colle au personnage principal. Pas mauvais, il incarne tout de même un héros assez lisse, et du coup se fait facilement voler la vedette par des seconds rôles plus travaillés, et emmenés par des acteurs peut-être plus charismatiques. Mais enfin, il se débrouille.
Le scénario est moyen. Le film est parfois drôle, le côté atemporel est sympathique, et c’est assez rythmé, mais finalement on reste un peu sur sa fin. Ça s’agite beaucoup plus qu’autre chose, il y a pas mal de séquences inutiles et peu intéressantes (les mésaventures de Gurry et du singe), et finalement l’humour décalé n’est pas assez exploité. Il y a de vraies séquences délirantes bien vues, le côté jeu vidéo des courses est bien utilisé, on se croirait parfois dans un cartoon, mais il y a comme un sentiment de superficialité de l’histoire, avec une narration, il faut le dire, chaotique.
Formellement le film saura surprendre. Honnêtement le choix du tout numérique ne se justifiait pas vraiment, et le résultat laisse un peu à désirer. L’esthétique flashy finit par être lassante voire fatigante parfois, la mise en scène hystérique n’est pas toujours des plus agréables, en dépit là encore de belles idées, et d’une ambiance clairement singulière. Je salue l’effort, mais j’ai parfois eu plus le sentiment d’une volonté de prouesse technique et d’originalité visuelle que d’intelligence et de réflexion dans l’usage des fx et des images de synthèse. La bande son est vraiment insignifiante.
Pour ma part Speed racer est une curiosité plus qu’un bon film. C’est visuellement amusant, et ce n’est pas un film vraiment indigeste, mais c’est finalement assez faible quand on connait les réalisateurs, quand on voit les moyens et le casting. On sent que les Wachowski se sont amusés, mais ils se sont manifestement laissés embarquer par la technique sans vraiment cogiter la narration, et sans vraiment se dire que le résultat serait dégingandé. 2.5