Le meilleur péplum de tous les temps après Gladiator! Zack Znyder retranscrit à la sauce BD la tragique bataille des Thermopyles, qui vit le roi Léonidas et ses 300 spartiates sacrifier leurs vies pour la liberté: une pure réussite!
Il est impossible voir 300 sans en ressortir marqué, sans se rendre compte combien était héroïque le sacrifice de Léonidas.
"Une nouvelle aire commence; une aire de liberté. Et tous sauront que 300 Spartiates sont morts pour la défendre!". Tout, dans ce film, est conçu pour mettre en avant et en valeur de Léonidas et des Spartiates. Un parti pris peut-être regrettable, Znyder aurait du avoir une vision plus critique, considérer la civilisation spartiate avec recul et parfois dégoût. Certes, les nombreuses cruautés des Spartiates ne sont pas cachées (l'agogè, le tri des nouveau-nés, leur caractère sanguinaire), sauf pour ce qui est des hilotes, choix compréhensible. Mais à aucun moment Znyder ne cherche à nous horrifier ou à nous indigner: Sparte est au contraire présentée comme une utopie, un idéal. Pourtant, c'est cette "propagande spartiate", ce manichéisme extrême, qui font la force du film. Un choix manichéen mais aussi judicieux, car il permet de donner un grand souffle épique au film, et de faire de la bataille des Thermopyles une bataille pour des valeurs telles la justice et la liberté. L'idéologie spartiate est bien respectée: un profond sens de l'honneur, un mépris du danger, de la mort et de la douleur, un patriotisme et un courage sans pareille, ainsi qu'une vénération de la guerre. Un film profondément guerrier, pas pacifiste ou critique pour un sou, mais en accord avec les principes moraux des Spartiates. On ressent la même chose en regardant 300 qu'en lisant le passage d'Hérodote consacré à Thermopyles: donnez une caméra à un Spartiate de l'Antiquité, et c'est exactement ce film qu'il vous réaliserait. Aussi ce manichéisme extrême permet-il de donner au film un intérêt historique stupéfiant pour les connaisseurs de cette période, ainsi qu'une intensité tragique remarqauble (qui n'est pas sans rappeler certains mythes grecs). Il suffit de repenser à cette scène boulversante, où Dillios (historiquement Aristodemus) retourne à Sparte, annonçant à Gorgo la fin de la bataille et la mort des Spartiates, à certaines répliques ou à certains plans. Les moments épiques et dramatiques sont légions, sublimés par une mise en scène les mettant en valeur, et une musique souvent extraordinaire.
Quand au personnage de Léonidas, le peu que l'on savait de lui a visiblement été utilisé: les deux seules répliques ("Tonight, we dine in Hell!" "Come and get them") qu'on lui connait, sa détermination, et son mariage avec Gorgo. Mais, pour un personnage aussi peu connu, le réalisateur a donc dû beaucoup romancé, et en a fait une sorte de Maximus grec, un personnage attachant et très moral. Il est dommage que les Perses passent dans ce film pour des barbares sanguinaires, alors que les Achéménides étaient de grands rois, et les Perses formaient une brillante civilisation. Ici, Xerxès est tout sauf charismatique, les costumes sont très différents de la réalité (en particulier les Immortels, les vrais auraient pourtant eu un rendu exceptionnel à l'écran). à propos de costumes, les Spartiates étaient effectivement plus habillés que dans le film. Cette barbarisation des perses n'est crée que pour mieux faire ressortir le côté héroïque des Spartiates.
Les piètres costumes et le manque de décors sont largements compensés par une esthétique révolutionnaire: la mise en scène, très moderne, comportant des ralentis, des acclérés, des contrastes prononcés, des couleurs très vives, permet de faire revivre de manière contemporaine une époque antique. L'esthétique n'atteindra jamais, cependant, le niveau de celle de Gladiator. La musique de Tyler Bates est dans l'ensemble inégale: quelques morceaux brouillons, mais surtout des mélodies inoubliables tellement elles sont magnifiques. Associée à la mise en scène, elle permet de renforcer la dimension épique du récit.
Les combats sont dans la même veine, bourrés d'effets stylistiques (ralentis, accélérés, sang en 2d...), magnifiques, mais n'atteignant pas le niveau anthologique de ceux de Troie. La chorégraphie y est souvent très réussie, et on retiendra trois scènes de combats mémorables: la première charge de Léonidas, son combat contre l'Immortel géant, et l'affrontement mettant en scène Astinos et son compagnon. Une très belle nuée de flèches également, mais on regrettera une phalange spartiate très peu repsectueuse de la réalité historique, qui aurait pu donner lieu à des scènes de batailles anthologiques, mais qui est assez ratée tant elle s'écarte de la véritable phalange hoplitique.
L'histoire est très prenante, et respecte dans les grandes lignes le contexte historique. Le suspens y est intense, les enjeux dramatiqeus omniprésents et montant en flèche, et le rythme, endiablé dès le début. Un péplum nouvelle génération extraordinaire!