Un classique du cinéma français avec des répliques cultes et de très bons acteurs. Mais aussi cet univers empli de petits (ou grands) drames et bonheurs de la vie de tous les jours. Un très bon film qui a certes vieilli...
Dans les échos d’«Hôtel du Nord» (France, 1939) de Marcel Carné, c’est le titre d’un film d’Henri Decoin qui résonne à l’esprit et dans lequel joue également Jouvet : «Les amoureux sont seuls au monde». Mais il y a très peu d’autres analogies à conter entre Carné et Decoin, le premier se faisant bien plus illustre que le second. Cette fameuse réputation que détient Carné provient de son style de mise en scène (aux dépens des décors de Trauner ou du jeu des acteurs), tout autant que de l’allégresse rythmée des dialogues de ses scénarios. L’«Atmosphère ! Atmosphère !» débité par Arletty conserve son humour non pas tant pour la pirouette de la réplique que pour le rythme vulgaire avec lequel elle est dite. Echange de rythme, match de tempo, le film se fait le canevas sur lequel brodent les cadences de chaque acteur. Cette notion de rythmique sémillante propre au cinéma français de l’époque, où les acteurs viennent du théâtre populaire, n’a rien d’essentielle à «Hôtel du Nord», elle n’a de fonction que de relever la profonde mélancolie du film, au risque d’en voiler, justement, l’atmosphère joviale. Réalisé en 1939, alors que la France entre en guerre contre l’Allemagne, Carné fait du «réalisme poétique» le tissu d’un désespoir national dans lequel s’exprime toute une ambiance d’époque. Les habitants de l’Hôtel du Nord sont un échantillon de la vox populi. De ces ingrédients humains, Carné en extrait un film léger autant qu’il se peut grave. Avant la drôlesse de la réplique d’Arletty, Jouvet lui apprend qu’où qu’il soit, ça n’ira pas. Le malaise des personnages prétexte la joie des dialogues, mais il est également nécessaire à la résurrection de chacun. Jouvet incarne cet être du malaise et de la mélancolie. Il lui faut quitter le personnage d’Arletty pour que celui de Blier retrouve un amour et ce n’est que mort qu’il peut enfin combler Annabella. En vue d’«Hôtel du Nord», ce ne sont pas que les amoureux qui sont seuls au monde.
Cette histoire d'amour virtuose orchestrée par Marcel Carné (réalisateur du magnifique "Les enfants de parais) avec ses acteurs fétiches reste encore aujourd'hui très convaincante, alliant avec force humour et mélancolie. C'est un voyage semé de doutes et de choix pour véritable souffle de vie et de liberté. Un classique du cinéma français.
Voici l'epoque ou le cinéma français etait de tres haute qualité. Arletty et Louis Jouvet sont excellent dans ce classique filmé de tres belle maniere par Marcel Carné.
Un très bon film avec d'excellents acteurs qui nous mentre sans concession la vie de Parisiens juste avant la seconde guerre mondiale. Il y a à la fois du drâme et de la comédie, surtout grâce à Arletty.
Alors, je ne vais pas cracher sur le film, loin de là, j'ai même plutôt aimé. Mais je me refuse néanmoins à lui mettre plus de deux étoiles, il ne faut rien exagérer...Tout ce qui est vieux n'est pas forcément génialissime... Les temps morts ne manquent pas, malgré de belles prestations...Louis Jouvet, évidemment, mais aussi la belle Anabella, ainsi que le tout nouveau-venu, Bernard Blier !
Une poésie romantique qui se regarde comme on lit un roman d'amour:on s'y plonge et on reste attentionné,à la fin on a envie d'être amoureux à Paris.Et tout ça gràce à des dialogues mignons,des acteurs émouvants et des décors somptueux.
Les débuts du réalisme poétique, où l'on s'aperçoit qu'Henri Jeanson est l'égal de Pévert comme dialoguiste, et lui est bien supérieur comme scénariste. Cette galerie de portrait savoureuse, cette ambiance à la fois bon enfant et cruelle, cette description minutieuse de la vie d'un hôtel simple, tout concours à la réussite de ce film. On peut regretter le cabotinage d'Arletty (Raymonde), et trouver les scènes entre Renée et Pierre trop mélodramatiques, mais cela importe peu. Témoignage intéressant sur son époque ce film est à voir et surtout à revoir.
Un monument du cinéma français porté par la grâce d'Annabella et la noirceur de Louis Jouvet. Mais au-delà des simples performances d'acteur (ils sont tous fantastiques !), il y a la poésie de Marcel Carné, cet art de laisser divaguer sa caméra au gré de ses humeurs. Son oeil danse au-dessus des acteurs, une symphonie dramatique qui s'empare peu à peu de ses êtres pour n'être plus qu'à leur tour les notes de cette musique mélodramatique. En prime, les décors et les lumières sont extraordinaires de vérité et de nuances. Que dire enfin du scénario, de ces répliques passées depuis à la postérité, de cette flânerie mélancolique et parfois drôle qui file le long du canal... Magique.
J'?avais vu "Les enfants du paradis" la semaine de la sortie de "Taxi 3", et me voilà aller voir "Hôtel du Nord" la semaine où c?'est "Taxi 4" qui débarque. Krawczyk contre Carné. Avec à chaque fois l'?impression pénible, en sortant de la salle, de ne pas être né à la bonne époque. On peut pinailler sur quelques bricoles (le côté cucul-la-praline du couple Anabella ?/ Jean-Pierre Aumont, par exemple),? mais entendre Louis Jouvet et Arletty jouer des textes d'?Henri Jeanson, on peut dire ce qu'?on veut, c'?est un moment d'?histoire. Il n'?y a pas d'?images de synthèses, il n'?y a pas d?'esbroufe, il n?'y a pas de bang-bang (sauf les pétards du 14 juillet à la fin), il n'?y a pas la prétention de réinventer le cinéma. Il y a juste deux immenses artistes, deux voix inoubliables qui jouent la comédie avec un talent sans égal et font de ce film un feu d?'artifice verbal et un plaisir sans mélange. Et puis on s?'émerveille sur la légèreté, la bonne humeur, l?'insouciance de tout ce monde-là. Des personnages comme le couple des patrons de l'?hôtel, Kenel, Prosper (Bernard Blier)... C?'était juste avant la guerre, avant que le monde ne bascule dans l?'horreur. Tout cela ne se retrouvera plus après. Et aujourd?hui, le canal Saint-Martin est devenu un temple de la bobocratie et des grands-messes médiatiques pleurnichardes à base de tentes à SDF. Vive le progrès!
Grandiose! Tout simplement Grandiose! Dans la même veine que "les enfants du Paradis"! Réplique, qui n'est pas culte mais mythique: "atmosphère? Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère?!?". La gouaille d'Arletty, le stoïsme saisissant de Jouvet, la beauté du cadre de Marcel Carné nous fait rêver. Un bon scénario, de savoureux dialogues nous transporte vers l'euphorie de voir un "bon" film.
Bon classique, avec de l'humour mais également très désespéré. Pour une fois les dialogues de Jeanson n'envahissent pas le film. Sans oublier que Anabella et Louis Jouvet sont les véritables acteurs principaux du film. A noter aussi deux débutants dans le cinéma français : les formidables Bernard Blier et François Périer.
L'un des plus grands chefs d'oeuvre du cinéma francais. Carné signe là l'un de ses plus grands film, noir, profond et assez désespéré. On est ébloui par les dialogues et surtout par les nombreux personnages, bouleversants. Bouleversant, c'est également le mot qui pourrait être employé pour les acteurs, tous absolument géniaux dans ce film, avec en tête Louis Jouvet, inoubliable dans l'un de ses plus grand rôles. Mythique!