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    Hôtel du Nord
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    3,9
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    76 critiques spectateurs

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    maxime ...
    maxime ...

    235 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 mai 2022
    Hôtel du Nord de Marcel carné n'est pas de ces films de postures ! Ici, on parle vrai, non pas pour déclamer de grande vérité, ou pour établir de grands principes, non, on ne pavane pas de cela dans ce coin là. Hôtel du Nord est plutôt du genre à vouloir restituer la splendeur de cette vie de quartier, de son phrasé, de sa gouille, à nouer des destins, le tout, dans une joie et une tristesse folle ...

    Pour moi qui aime tant les conversations entremêlés lors de grand gueuletons je suis ici servis, d'entrée de jeu qui plus est. On mange, on boit, on se chambre, on rigole, on cause de nos vies et de celles des autres, certaines associations viennent se graver quelque part, ici et là, un peu comme celle-là : " - C'est pas de la peur, mais des souvenirs ". Que dire de plus ? Toutes les mentions sont là, sans trop en raconté, il y'a tant de justesse dans tout çà.

    Je pars un peu dans touts les sens il vrai lors de ses quelques lignes. Car avant d'entrée dans cet Hotel et de nous retrouver autour de cette table, il y'a un autre petit voyage tout aussi somptueux à voir. Je parle bien sur de ce canal, de ce banc, dans ses envolées avec caméra que l'on redécouvrira plus tard, dans son final. Si les personnages sont si étourdissants, le cadre à aussi son mot à dire.

    Pour poursuivre vers nos protagonistes, ils et elles ont de la gueules ! Au propre, comme au figuré. La vie passe par la mort et la mort par la vie, personne ne fais de chichi là-dessus, une génération fragile et forte de ses capacités et de ses errances qui ne cessent de se hisser vers des triangulations émotionnels qui dans le sang et la pensée raconte tout un panorama de tronches inoubliables. spoiler: Edmond / Paulo / Robert, ou peu importe le patronyme qu'il dessert tiens d'office le pompon à ce petit jeu. Renée, Raymonde, Louise, Adrien et Prosper, comme tout les autres sont également saisissant.
    Marcel Carné contemple homme et femme qui émette des souhaits, réprouvent, chutent, se relèvent, qui vivent et qui meurt avec poésie et donc Art, dans une rêverie immortelle car réelle.

    " - Le bonheur et vous sa fait deux. "

    J'en reviens à sa sincérité, à sa pudeur aussi, jamais un " - Je t'aime " n'aura été aussi soumis à une désinvolture et un à un sens profond pour répondre autant de sa tendresse que de sa tristesse. On esquisse un sourire et voilà qu'un autre sentiment lâche à coté. J'aime que l'on se foutent des convenances, de registre, d'idée en la matière pour complètement embrassé fiévreusement et ceux à bras le corps ce franc parler qui raconte tout. Je me répète, je le sais, mais que c'est beau !

    Un classique !
    Fabios Om
    Fabios Om

    50 abonnés 1 268 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 6 décembre 2021
    Un film plutôt agréable et intéressant à regarder tre souris car je ne penser pas que j'allais aimer ce film de par sont histoire la façon dont elle est raconter et de ce que j'en connaissait avec le fameux passage de Arletty avec sont très célèbre, culte ATMOSPHÈRE . Finalement même si elle a une voix un peuxvzigue a la limite du supportable, il faut bien reconnaître que c'est une bonne actrice, l'histoire comporte quelle chose qui feront sourire le spectateur, des réplique pas mal trouver . donc non franchement pas mal du tout .
    des fois histoire sombre dans une romance un peu gnangnan à base de déclarations enflammées malheureusement. Réalisme français des années 30. Arletty et Louis Jouvet sont tous simplements magnifiques je trouve la dernière 1/2 heure plus longue et moins distrayante. Il y a à la fois du drâme et de la comédie.

    résumer ;

    Un hôtel modeste au bord du canal Saint-Martin abrite une clientèle bigarrée. Pierre et Renée, un couple d'amoureux, décident d'en finir avec la vie. Ce qui va s'avérer plus difficile que prévu. Un autre couple, M. Edmond, mystérieux homme, et Raymonde, une prostituée, vont se mêler à l'histoire des amoureux désespérés.
    Parkko
    Parkko

    158 abonnés 2 020 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 décembre 2011
    Premier film de Marcel Carné que je vois. J'ai vraiment beaucoup apprécié les dialogues, c'est très bien écrit, les répliques fusent, il y a bien sûr la célèbre réplique d'Arletty (j'avoue avoir notamment regardé ce film pour l'entendre !). Après y a un côté très romanesque dans le scénario qui ne me parle pas forcément, enfin disons que c'est un peu too much pour moi, mais bon. Heureusement le scénario ne repose pas seulement sur ça mais aussi sur une galerie de personnages intéressants. Bref, j'ai plutôt bien aimé.
    Attigus R. Rosh
    Attigus R. Rosh

    191 abonnés 2 503 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 février 2021
    Hôtel du Nord est un film globalement bon, même s'il faut être honnête, ce film est essentiellement connu grâce à la réplique culte d'Arletty « Atmosphère ! Atmosphère ! ». Le film est servie par une très bonne distribution : Louis Jouvet, Arletty, Bernard Blier, ... et l'interprétation est à la hauteur des noms sur l'affiche. L'intrigue tient bien la route et les relations entre les différents personnages de passage à l'hôtel du Nord à base de secret et de non-dits est séduisante. On retrouve le vieux Paris des années 30. Après, ce n'est sans doute pas le film que je retiendrais si je devais en retenir un film de cette époque. Mais ça reste plaisant.
    JR Les Iffs
    JR Les Iffs

    73 abonnés 1 151 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 mai 2019
    Qualité française ! C'est, malgré tout, un bon film de Carné. C'est aussi comme un document d'époque, d'une époque révolue (1938), mais tellement française, avec les petites gens, ouvriers, cafetier, etc. La vie dans un quartier populaire de Paris.
    L'histoire est simplette, genre mélo, mais l'intérêt du film, ce sont les personnages si caractéristiques, joués par de bons acteurs, que dominent bien sûr Louis Jouvet et Arletty. De très bons dialogues de Janson, et une belle photographie en noir et blanc. Et c'est aussi très bien filmé, en extérieur, comme en intérieur.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 28 janvier 2019
    Magnifique anthologie du cinéma, un scénario qui commence en intrigue dramatique, du romantisme mélancolique et un style visuel l’accompagne avec ces jeux d’acteurs pensifs. Des misérables fiancés par les aléas de la vie veulent en finir, unis pour le meilleur et le pire dans la tragédie. spoiler:
    La peine encourue pour tentative d’assassinat est la réclusion criminelle à perpétuité, on ne plaisante pas avec ça dans cette ambiance festive, la veille du 14 juillet. spoiler:
    L’échec des preuves apportées devient un non-lieu, la sortie de prison et spoiler:
    le retour du cours normal redonne espoir en l’amour de la vie. L’homme mystérieux clientèle de « l’hôtel du Nord », planque de miteux populaire et des rencontres bigarrées, spoiler:
    un témoin du crime maladroit qui préfère le camoufler au lieu de le dénoncer, le mac réglera ses comptes avec son entourage et ce passé qui ne cessera de le pourchasser clandestinement. spoiler:
    Ce chef-d’œuvre achevé possède une de ses drôles de tête d’atmosphère avec ces dames au travail du trottoir, de sacré caractère, l’époque 1938 était la vieille France, au bord du canal Saint Martin intemporel peuplé de clochard. Une cohérence de dialogue échangé bien plus mythique que la publicité autour rien que pour le faire découvrir de cette façon, une réaction se laisse envahir, c’est l’émotion recherchée.
    inspecteur morvandieu
    inspecteur morvandieu

    33 abonnés 2 277 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 17 décembre 2023
    L'hôtel du Nord est comme une pension de famille; les gens qui y passent semblent s'y fixer en attendant des jours meilleurs ou un nouveau départ qui reste le plus souvent à l'état de velléité. C'est là, au bord du canal Saint-Martin (contre-symbole de la sédentarité), que se noue le drame de Renée et Pierre, jeune couple d'amoureux que le mal de vivre pousse à une vaine tentative de suicide. spoiler: A défaut d'y laisser la vie, Renée travaille désormais dans l'hôtel du Nord.

    Le récit de Marcel Carné tourne autour de l'existence de deux couples; l'un est celui des jeunes amants accablés et bientôt désunis, l'autre liant une prostituée et son "homme", plus oisif que proxénète. Et il faut bien dire que le couple de légende formé par Arletty et Jouvet éclipse celui, très romantique et douloureux, composé par Annabella et Jean-Pierre Aumont. Les deux premiers, figures éminemment populaires et parisiennes bénéficiant des dialogues excellents et drôles de Jeanson, sont irrésistibles. Arletty fait un numéro inoubliable , tout en accent et en argot de Paname, et ses scènes de ménage avec Jouvet, relèvent malgré les nuances des deux rôles (et un machisme brutal qui ne passerait plus aujourd'hui) de la comédie.
    La force de la mise en scène de Carné est de préserver, à côté des deux acteurs charismatiques, l'existence des autres personnages et le fil dramatique de l'histoire. Carné crée l'atmosphère (celle que, précisément, Jouvet dit à Arletty vouloir quitter...) d'un quartier parisien d'un autre temps, d'un autre cinéma.
    real-disciple
    real-disciple

    81 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 septembre 2011
    Le film est beau (décors, acteurs, scénario, photographie), les dialogues sont justes de véritables perles, peut-être le plus beau film dialogué mais je ne retiendrai pas la fameuse phrase "gueule d'atmosphère" que je ne trouve pas exceptionnelle car il y en a plein d'autres dans le film beaucoup mieux mais je pense que c'est par snobisme qu'on la reprend. Ce qui peut rebuter c'est la difficulté de saisir le langage d'Arletty, sa gouaille peut vite lasser surtout mélangé avec de l'argot et on a du mal à comprendre ce qu'elle dit. Louis Juvet est juste superbe de sobriété et quel charisme...Quant à Bernard Blier, toujours excellent. Hotel du Nord est un film à voir, car c'est du bon cru français, mais je préfère Le Jour se lève.
    Misoramengasuki
    Misoramengasuki

    62 abonnés 399 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 février 2007
    J'?avais vu "Les enfants du paradis" la semaine de la sortie de "Taxi 3", et me voilà aller voir "Hôtel du Nord" la semaine où c?'est "Taxi 4" qui débarque. Krawczyk contre Carné. Avec à chaque fois l'?impression pénible, en sortant de la salle, de ne pas être né à la bonne époque. On peut pinailler sur quelques bricoles (le côté cucul-la-praline du couple Anabella ?/ Jean-Pierre Aumont, par exemple),? mais entendre Louis Jouvet et Arletty jouer des textes d'?Henri Jeanson, on peut dire ce qu'?on veut, c'?est un moment d'?histoire. Il n'?y a pas d'?images de synthèses, il n'?y a pas d?'esbroufe, il n?'y a pas de bang-bang (sauf les pétards du 14 juillet à la fin), il n'?y a pas la prétention de réinventer le cinéma. Il y a juste deux immenses artistes, deux voix inoubliables qui jouent la comédie avec un talent sans égal et font de ce film un feu d?'artifice verbal et un plaisir sans mélange. Et puis on s?'émerveille sur la légèreté, la bonne humeur, l?'insouciance de tout ce monde-là. Des personnages comme le couple des patrons de l'?hôtel, Kenel, Prosper (Bernard Blier)... C?'était juste avant la guerre, avant que le monde ne bascule dans l?'horreur. Tout cela ne se retrouvera plus après. Et aujourd?hui, le canal Saint-Martin est devenu un temple de la bobocratie et des grands-messes médiatiques pleurnichardes à base de tentes à SDF. Vive le progrès!
    Jo D
    Jo D

    28 abonnés 133 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 septembre 2012
    "Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?"
    Inimitable et indémodable réplique d'Arletty (avec sa voix, comment dire, très stridente !) dans ce film culte des années 30.
    Mais il n'y a bien évidemment pas que cela à retenir de ce film. Tout d'abord, je dirais que "Hotel du Nord" est une ambiance à part, une ambiance singulière en quelque sorte : tout d'abord familiale (le repas dans le hall de l'hotel), puis criminelle (le couple Annabella-Aumont dans la chambre), puis malsaine (crime loupé, cocufiage) et enfin le triomphe de l'amour et de la vie sur la mort à la fin. Tout est là, Marcel Carné a réunit tous les ingrédients dans un même film. Sa mise en scène et ses dialogues soignés rendent l'ensemble très savoureux.
    Et le charisme de Louis Jouvet et d'Arletty, sans oublier la magnifique Annabella, apporte un rendu très intelligent et très propre à ce film.

    Il ne faut quand même pas omettre que du haut de ses 75 ans, "Hotel du Nord" n'est pas non plus tout jeune et que par moment il a pris un petit coup de vieux. Mais le film se laisse regarder sans que l'on y pense vraiment.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 7 janvier 2008
    Alors, je ne vais pas cracher sur le film, loin de là, j'ai même plutôt aimé. Mais je me refuse néanmoins à lui mettre plus de deux étoiles, il ne faut rien exagérer...Tout ce qui est vieux n'est pas forcément génialissime...
    Les temps morts ne manquent pas, malgré de belles prestations...Louis Jouvet, évidemment, mais aussi la belle Anabella, ainsi que le tout nouveau-venu, Bernard Blier !
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    141 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 août 2011
    Le deuxième Carné que je vois après Le Quai des Brumes que j'ai beaucoup aimé et là je ne peux cacher ma déception devant Hôtel du Nord alors que celui-ci démarrait très bien.
    Le film n'est pas exempt de qualités, loin de là. A commencer par l'esthétique tout à fait convaincante du film avec une magnifique photographie. La mise en scène est vraiment bien mais par contre elle aurait gagné en efficacité avec de meilleurs décors car ceux-ci sentent trop le studio et donnent l'impression "d'étouffer" un peu le film. Malgré tout on peut qu'admirer la talent de Carné pour ce qui est de filmer ses personnages et ses scènes, l'humain est au premier plan dans ce film. Et ces humains sont incarnés par de très bons interprètes à commencer par Louis Jouvet qui a vraiment fière allure. Mais bien sûr celle qui marque le plus c'est Arletty avec sa gouaille mémorable même si son jeu peut paraître un peu contrefait. Les dialogues d'ailleurs sont savoureux, la mythique réplique de l'atmosphère n'est pas la seule à retenir, le film regorge de dialogues et scènes agréables dans ce genre. Le début d'ailleurs est excellent, Carné filme avec ironie ce couple de jeunes amoureux, heureux d'être ensemble mais qui veulent quand même mourir pour vivre ensemble en dehors des autres, cette ironie, cette moquerie font vraiment plaisir à voir. Par contre pour moi le film pêche dans son scenario qui tourne vraiment en rond arrivé à un moment. A la base il est plutôt fade d'ailleurs, il faut dire que les acteurs, les dialogues et le visuel arrivent à le sublimer mais à partir d'une heure de film j'ai vraiment commencé à regarder l'heure car on avance pas, ça se répète et ça manque cruellement de peps. Finalement je ne suis pas entièrement convaincu par cet Hôtel du Nord qui ne m'a pas interessé tant que ça de par la cruelle inconsistance de son scenario, dommage vu les nombreuses qualités qu'il arbore.
    Jack G
    Jack G

    5 abonnés 175 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 30 avril 2020
    Quelques mois seulement après la sortie du Quai des brumes, son film le plus connu, Marcel Carné adapte au cinéma le premier roman et le plus grand succès littéraire d’Eugène Dabit, L’Hôtel du Nord, écrit près de dix ans plus tôt et récompensé en 1931 par le premier prix du roman populiste (récompense qui porte aujourd’hui le nom de son premier lauréat).
    Dès octobre 1932, Eugène Dabit envisage de porter à l’écran son roman et commence à se rapprocher de Jean Renoir. Mais c’est finalement Marcel Carné qui obtient le projet. Pour la première fois de sa carrière de réalisateur de longs-métrages, ce dernier ne collabore pas avec Jacques Prévert, en voyage aux Etats-Unis pour plusieurs mois, pour la création des dialogues, marquant une pause dans leur fructueuse collaboration depuis Jenny (1936).
    Essentiellement tournée en studio entre septembre et novembre 1938, l’histoire tragiquement belle d’Hôtel du Nord se déroule dans des décors qui semblent vrais mais qui ne le sont pas, reproduisant fidèlement le canal Saint-Martin grâce aux travaux époustouflants de réalisme du chef décorateur Alexandre Trauner, habitué de collaborer avec Carné. Cet esthétisme convaincant est probablement la plus grande force de ce long-métrage.
    Respectant l’unité de lieu (sauf durant quelques secondes où Renée et M. Edmond sont aperçus à Marseille), le cinéaste expert du réalisme poétique entraine le public dans une plongée historique le long du canal Saint-Martin, dans l’ambiance souvent pessimiste, parfois légère, du Paris d’avant-guerre.
    Hôtel du Nord est également connu pour l’une des répliques les plus célèbres du cinéma français, prononcée par l’actrice Arletty sur une écluse du canal Saint-Martin, à un truand qui cherche à se détacher de sa pression et qui espère trouver de l’air en partant pour Marseille : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? ». Cette phrase, prononcée avec le parler typiquement parisien des années 1930, cette gouaille à l’accent exagéré et à l’intonation si marquante donnée par l’actrice, a beaucoup participé à la notoriété du film. A elle-seule, cette réplique illustre tout le talent d’Arletty pour s’approprier les dialogues et sa visibilité de premier plan dans un film dont l’actrice est « l’âme », selon les propos de Carné en personne.
    En effet, face à elle, le reste de la distribution fait pâle figure. Dès le départ, Marcel Carné souhaite intégrer une histoire d’amour à cette galerie de personnages voulue par Eugène Dabit, avec l’idée d’ajouter la tension dramatique dont Prévert a toujours été le créateur dans ses dernières réalisations. Néanmoins, malgré ses efforts, la relation entre les personnages interprétés par Annabella et Jean-Pierre Aumont manque d’intérêt et de profondeur, et le scénario dérive pour offrir une place centrale à un autre couple, tumultueux et bien plus charismatique : celui qui est joué par Arletty et Louis Jouvet. Cette prostituée au sale caractère et ce truand énigmatique s’aiment et se repoussent sous le toit de l’hôtel très animé, devenant ainsi les héros du film. Très vite, selon les volontés de Carné et des scénaristes, et avec l’approbation des deux principaux intéressés, le premier couple est relégué au second plan. Et il ne serait pas faire preuve de mauvaise foi que d’affirmer la pertinence de ce choix, quand on voit la pâleur de leurs apparitions et le manque d’intérêt de leur trame scénaristique, alors qu’elles ont déjà été revues à la baisse.
    Comme c’est souvent le cas dans les films français des dernières années avant la guerre, une noirceur et un pessimisme oppressent le film : deux amoureux qui cherchent à se suicider dans une chambre d’hôtel (une histoire étrangement similaire à la chanson d’Edith Piaf, « Les Amants d’un jour »), une vendetta entre truands, un innocent en prison. Néanmoins, cette atmosphère pesante et dramatique parvient à être tempérée par l’humour trivial et les réparties cinglantes de Madame Raymonde, prostituée au sale caractère mais toujours prête à confier une oreille attentive à ses voisins de chambrée. D’autres personnages folkloriques complètent la galerie de seconds rôles familiers du cinéma de l’époque, dont Bernard Blier, un romantique éclusier prêt à se plier en deux pour plaire à la charismatique Madame Raymond.
    Hôtel du Nord présente des forces indéniables. Grâce à une photographie et des décors parfaitement travaillés, ce long-métrage est un véritable témoignage d’une réalité sociale et de l’époque pittoresque du Paris des années 1930, avec son parler cocasse et ses personnages populaires et légers. Le mariage entre lumière et obscurité est lui aussi incroyable, en particulier lors de la scène où, le visage caché dans la nuit et la cigarette à la bouche, M. Edmond révèle sa véritable identité à Renée, sur un banc du canal Saint-Martin. Enfin, perfectionniste jusqu’au bout, Marcel Carné offre une dernière séquence au plan presque identique à celui de la scène d’introduction. La boucle est bouclée.
    Mais malgré ses atouts, il faut reconnaître qu’Hôtel du Nord a très mal vieilli. Ce film d’un autre temps décrit une manière de vivre désuète, avec des interprétations qui donnent parfois l’impression d’être fausses tant les manières et les intonations des comédiens sont exagérées. Le rythme du film souffre de monotonie et l’intrigue manque d’une réelle intensité dramatique. Ce dernier constat est sans doute dû à l’absence de Jacques Prévert, qui savait apporter ce ton dans les précédentes réalisations de Carné, comme il l’a prouvé dans Le Quai des brumes notamment. L’histoire n’est en fait qu’une succession sans profondeur, une galerie de personnages qui se croisent le long de ce canal Saint-Martin. Et ce n’est pas le couple des deux amants suicidaires sans intérêt ni envergure qui permet de captiver le public. Et ne parlons même pas de leurs nombreux changements d’opinions au cours du film. Pierre est déterminé à provoquer la mort de son amante et la sienne, avant de prendre peur et de refuser d’accompagner Renée dans la mort, puis souhaite se jeter sous un train et se ravise. Plus tard, il refuse de parler à sa bien-aimée en prison, et change d’avis une demi-heure plus tard. Quant à Renée, elle ne fait pas mieux : elle veut revivre avec Pierre à sa sortie de prison, puis quitte Paris avec M. Edmond, et change encore d’avis avant d’embarquer pour revenir dans la capitale. D’un ennui à mourir.
    Néanmoins, en dépit de ces travers, à la sortie du film, Arletty est acclamée par les critiques et accède au rang des actrices les plus célèbres, devenant une légende vivante du Paris populaire, au même titre qu’Edith Piaf. Sans grande difficulté, elle détrône une Annabella fade et sans intérêt, à l’image de son personnage. Depuis 1936, l’actrice blonde à la beauté immaculée a immigré aux Etats-Unis pour tenter de faire carrière à Hollywood, sous contrat avec la Fox, après son succès en France. Sollicitée pour revenir jouer dans son pays natal, elle revient à Paris en 1938 pour participer à son seul film français de l’année. Peut-être aurait-il été préférable qu’elle s’abstienne, car montrer son visage virginal ne suffit pas pour être une bonne actrice. Heureusement, Arletty et Louis Jouvet sont là pour maintenir ce film creux à flot.
    Loïck G.
    Loïck G.

    334 abonnés 1 666 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 7 novembre 2015
    Le roman d’Eugène Dabit que Marcel Carné adapte pour les beaux yeux d’Annabella, la comédienne vedette de l’époque, ne donne qu’un rôle secondaire à ce qui deviendra pourtant le couple mythique du cinéma français Arletty-Jouvet. Avec un décor planté dans un noir et blanc symbolique de l’esprit, pour ne pas dire l’atmosphère qui règne sur ce mélodrame empreint de toutes les mélancolies. Le scénario très dialogué, devient ainsi très argumenté, et fournit une image explicative. Ce qui peut correspondre à un style particulier entre néo-réalisme et expressionnisme. C’est aussi patent dans le jeu des acteurs, Louis Jouvet incarnant à lui seul la posture significative d’un tel courant.
    Pour en savoir plus
    Pascal
    Pascal

    157 abonnés 1 625 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 mai 2021
    "Hotel du nord" est un chef d'œuvre. Le film atteint une perfection à tous les niveaux. Les acteurs, les dialogues (signés Henry Jeanson et Aurenches) écrasent ceux d'Audiard, la réalisation, le film est un modèle. Avec le temps le film a pris un charme fou. Certainement un des meilleurs films de Carné. Pour chercher un point faible, on dira que Jean-pierre Aumont n"est pas à la hauteur des autres acteurs. Un film que tout cinéphile se doit d'avoir vu. Les amateurs exclusifs de blockbusters et de jeux vidéos passeront leur chemin.
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