Zimmer, Zimmer, Zimmer… Ca ne vous dit rien ? En tout cas, moi ça me disait quelque chose, et à force de réfléchir, Zimmer est le nom d’un compositeur de B.O.. Hans de son prénom, donc rien à voir. Ce n’est donc pas un biopic mais bel et bien un thriller à la française, réalisé par Jérôme Salle qui signe là son premier film cinéma après s’être essayé sur un court métrage. Le scénario, comparable aux scénarios américains du même genre, est ambitieux mais est suffisamment intéressant de par son intrigue pour avoir attiré près de 775 000 entrées dans les salles. D’ailleurs les américains en feront un remake cinq ans plus tard, "The tourist" avec Johnny Depp et Angelina Jolie. Doté de moyens ambitieux, notamment avec un casting de choix et d’une équipe de tournage expérimentée, le scénario joue énormément sur les mystères, distillant peu à peu les éléments nécessaires à la compréhension de l’histoire. Les révélations faites relatives à ces éléments sont des pistes à double sens, menant habilement le spectateur sur de fausses pistes. On sait rapidement qu’Anthony Zimmer est un génie de blanchiment d’argent recherché activement par toutes les polices, et qu’il n’a pas hésité à changer d’apparence par le biais d’une chirurgie esthétique très lourde. Dès lors, n’importe qui peut être Anthony Zimmer, et on se prend même à penser que Sophie Marceau peut être ce fameux malfrat. Je ne vous dirai pas s’il en est ainsi ou pas, ce serait ôter tout mystère, ce qui est l’entier intérêt du film. Avec toutes ces pistes à double sens, nous allons de surprise en surprise. Le fait est que ce qui nous semble être des incohérences en début de film
(le fait que François Taillandier laisse tomber son séjour réservé dans un gîte)
prennent tout leur sens à la fin. Il n’empêche que le plan imaginé par le magnat de la finance illicite parait un peu tiré par les cheveux tant il est aléatoire. Difficile de m’expliquer davantage là-dessus, ce serait spoiler le film. A vrai dire, Jérôme salle s’en est en plus bien tiré pour sa première réalisation, car il a su préserver toute l’essence même du scénario : la curiosité qui pourrait se traduire par "mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?" Une question magnifiquement interprétée par Yvan Attal. En effet, l’intrigue porte sur des faits qui dépassent toute imagination et sur de curieuses apparences. D’abord François Taillandier (Yvan Attal), en homme à priori désabusé qui se laisse emporter par les charmes quelque peu cavaliers de Chiara Manzoni (Sophie Marceau). Si lui prend peu à peu de l’épaisseur tout au long du film, elle va en s’humanisant. Et Jérôme Salle a su les filmer, cadrant avec une grande maîtrise les états d’âme qu’ils traversent, notamment ceux de François Taillandier. Seulement voilà : ce scénario, sur lequel on se prend à se questionner sur la véritable identité d’Anthony Zimmer, à supposer qu’on la connaisse vraiment, souffre d’un manque de précisions et de scènes transitoires afin de fluidifier encore un peu plus l’intrigue, laquelle est menée sur un bon rythme, ce qui me fait dire que ce "Anthony Zimmer" aurait bien mérité 15 à 20 minutes de plus. D’autant plus que la fin tombe dans la facilité et parait inconcevable, et je ne vous dirai pas pourquoi car ce serait spoiler le film encore une fois. Globalement, le premier film de Jérôme Salle n’est pas déplaisant. Bien au contraire, il réussit à captiver toute notre attention. Encensé par les uns, ce que je peux comprendre tout à fait, il peut avoir un goût d’inachevé, en tout cas d’incomplet pour les autres.