On aurait aimé ne pas aimer Dans tes rêves, qui s'apparente à un énième film français sur le malaise des banlieues, sur le rap, sur la délinquance dans les cités, etc. On aurait aimé dire qu'il y en a marre de voir systématiquement les même films, que l'argent va à des projets sans la moindre originalité, et descendre à tout va ce dernier pour ces mêmes raisons. Rimes, rap, tchatche, casquettes, hip hop, tout est là, même "le sandwich grec et les frites préparées par la femme du Grec". Tout ou presque - puisqu'il manque quelque chose, un détail, pour assimiler ce nouveau film à ceux qui l'ont précédé: la thématique misérabiliste de la banlieue. Ici, rien de tout cela, et c'est tant mieux. Dans tes rêves n'est pas un énième film sur le malaise des banlieues et sa représentation dans le rap. Bien au contraire. Dans tes rêves est une comédie bien troussée, bien dialoguée, servie par une galerie de seconds rôles hilarants, Edouard Montoute en tête, dans laquelle le discours politico-social est relégué au second plan. "Désolé, je ne viens pas vous dire (...) que ma vie est tragique. J'viens pas me plaindre de là où j'habite, ni me plaindre sur ma vie", ce sont les paroles de l'une des chansons du jeune Ixe, balancées à la figure d'un parterre de jet-setteurs venus découvrir ce monde de trafic qu'est la banlieue, le rap, la cité... Justement non, dans le film de Denis Thybaud, la cité, ce n'est pas ça. Ici, la cité, c'est un regroupement ethnique chaleureux, avec ses codes, ses lois, son sens de l'honneur, ses amitiés profondes, ses antagonismes ancestraux; un microcosme ouvert sur le reste du monde, qu'il brûle de découvrir d'une manière honnête et sincère. La cité de Dans tes rêves, c'est celle d'une nouvelle génération, plus calme que la précédente, plus lucide aussi, désireuse de s'en sortir que ce soit par le biais du rêve (le rap, la scène) ou, pourquoi pas, par celui d'un commerce (le salon de coiffure).
L'UNIVERS DE LA RUE A FAIT NAÎTRE DES POETES.