Polar, C'est un polar! Steven Spielberg a réussi son pari de réaliser un excellent film d'action sur l'espionnage, le contre-espionnage, et plus nettement la raison d'état.
Spielberg n'a forcément rien perdu et reste cet exceptionnel magicien de l'image et un formidable conteur. Il connait la notion d'image choc, du détail important, et réussit à faire un film intense, aidé par la fabuleuse et omniprésente musique de son fidèle complice de toujours, John Williams.
En dehors de cela, Spielberg ne nous apprend rien de nouveau sur cette guerre sans fin entre Mossad et OLP (sans doute plus juste à dire que "entre Israeliens et Palestiniens" qui n'ont pas toujours choisi de faire partie de cette "guerre"), ou chaque participant se sent lésé et persécuté.
Steven Spielberg donne son point de vue sur la stupidité qui veut que des hommes doivent en tuer d'autres pour des raisons qui les dépassent : la Raison d'état (que Geoffrey Rush represente à la perfection dans ce film).
Le Mossad sert d'exemple, mais tout autre service secret de quelconque pays peut se sentir concerné par cette absurdité (ou nécessité), cette montée de violence et la folie du talion qui veut que, de chaque terroriste tué, naitra un martyr et un exemple pour de futurs terroristes.
Pris dans cette raison d'état, le soldat se transforme petit à petit en machine qui tient entre ses mains la vie de sa cible. Eric Bana y est extrêmement juste, tour à tour sombre ou sensible. C'est du fond de sa paranoïa qu'il démontre alors un réel talent d'acteur.
Le reste du casting, à commencer par "nos" français est épatant !
En clair, le film est une vraie réussite pour celui qui le prend comme tel, sans second degré, brutal et violent, à l'image de ses protagonistes, dans une guerre qu'ils n'ont pas décidé, qui les a précédé et se poursuivra après eux. Par contre, si Steven Spielberg a voulu faire un film moraliste, alors il est passé à côté de son sujet, de façon aussi subtile que dire "tuer, c'est mal"...