L'attentat de Munich gronde comme un terrible refrain, il habite, il hante véritablement le cœur du téléspectateur. Ainsi qu'Avner, éberlué devant son écran et les images des massacrés... C'est cet individu, Avner, cet idéal de valeur, qui endossera à son tour le démon de Munich, de tout son poids. Il errera, en quête d'une vengeance absurde, armé de sa liste et de ses onze noms, à travers l'Europe mais seul, exilé, abandonné par les autres et lui même. Restera la mort, son seul compagnon de périple.
L'imbroglio politique israelo-palestinien est posé mais il est vite débordé par cet individu, ce représentant du peuple juif, écorché et écœuré par son héritage. Lui, seul avec ses fantômes perd sa dignité. L'humanité, c'est ce qui reste finalement, quand plus rien n'est, c'est notre humanité qu'il faut retrouver.
Le film tourne autour de cette scène où juifs et palestiniens sont dans cette même salle autour d'un poste de radio. L'un met la musique de sa culture, l'autre de la sienne, la tension monte mais un compromis est possible, un terrain d'entente subsiste. Celui où l'on ne sait d'où vient l'autre et qui il est mais où éclate son humanité, tout comme la nôtre. Ils se regardent et sourient, la tension retombe, ils se sont compris, ils regagnent leur coin, apaisés.
Un chez soi, qu'est ce que c'est? Une patrie? Une nation? Une maison? "a safe house"? Il faut passer outre la liste, outre les noms et les conventions absurdes de la violence, de la vengeance, du patriotisme imbécile. Il faut sauver et défendre une réalité plus essentielle, l'humain... Là finit notre quête et notre voyage.