Ce n'est pas parce qu'un film est produit et réalisé en banlieue parisienne, avec quelques-uns de ses habitants véritables et de bons acteurs bénévoles, que cette production va changer une image sociale d'une avalanche de stéréotypes au service d'un poncif qui expose les quartiers difficiles comme étant inchangeables. Cela est faux, c'est évident, et notre espoir persiste. Mais jusqu'à quel point ? En effet, passer un message faussement humaniste, complètement en dehors de la réalité, est franchement discutable. Et si nous imaginions un seul instant que le produit de Guy Jacques était commandé par le gouvernement, il ferait certainement allure de propagande. C'est un masque qui cache l'illusion. Dès lors, Ze Film jouerait la carte de la fantaisie, ce qui est tout à fait en son honneur. D'ailleurs, cela lui donnerait un second degré très appréciable. Cependant, il y a dans cette fausse fable d'aujourd'hui un cliché en pleine éclosion, se traduisant par l'idée simple que la banlieue française n'est pas du tout comme nous le pensons, bien au contraire. Effectivement, ce sont des gens comme tout le monde, injustement incompris par la société qui les abaisses. Ce sont des êtres humains, tout simplement. Cette traduction très grave est le signe flagrant d'une exaspération qui cache un malaise plus profond, que ce film candide empire sans le savoir. Ces habitants de la banlieue méritent bien mieux que ce mensonge fabriqué. En outre, la déception va au-delà du problème politique. Ce long métrage est un ratage sur toute la ligne. Les acteurs sont mauvais, sans âmes, pitoyablement bricolés. Clément Sibony est d'une prétention affligeante. Évidemment, il est difficile de blâmer ce genre de film, puisque c'est indiscutablement une bonne chose. Cette faiblesse qui ampute à la liberté individuelle est d'une tristesse qu'il faut combattre, pour proclamer enfin que Ze Film cache le mensonge d'une France qui veut colorier sa banlieue de fleurs, sans humanité, ni talent. Une honte.