Long-métrage d'animation réalisé par Michel Ocelot, Azur Et Asmar est une œuvre atypique et déroutante. L'histoire nous fait suivre une nourrice venant d'un autre pays et mère d'un enfant, qui va élever sa progéniture et l'enfant d'un riche homme qu'elle va considérer comme le sien en ne faisant aucune différence. Depuis tout petit, elle leur narre la légende racontant que de l'autre côté de la mer se trouve une Fée des Djinns attendant d'être libérée. C'est une fois adulte que les deux frères de lait vont alors partir à sa conquête. Ce scénario nous offre un très joli conte captivant à vivre pendant une heure et demie, grâce notamment à son mélange des cultures occidentales et arabes qu'il met en avant. De plus, il aborde des thèmes véhiculant de belles valeurs comme l'amour, la vaillance ou encore la tolérance. Pour transmettre tout cela, il s'appuie sur des personnages attachants, dont les rapports dégagent de l'émotion, soutenus par de belles paroles échangés dans un mélange de langues rendant ces mots authentiques. Le ton à la fois doux et amusant convient parfaitement à tous les publics, même s'il est globalement assez enfantin. Si le fond est une franche réussite, malheureusement la forme est moins aboutie. Le visuel est tout simplement déconcertant tant il est singulier et il faut un certain temps pour s'en accommoder. En effet, la direction artistique est capable du meilleur comme du pire. Le meilleur, ce sont ces décors joliment colorés, qui nous gratifient par moments de plans splendides. Seulement, paradoxalement, il sont aussi parfois d'une pauvreté sans nom, manquant cruellement de détails. Mais le plus gros défaut se trouve au niveau des visages des personnages qui dénotent franchement avec les environnements. Leur aspect est hideux et daté, même si certaines scènes parviennent parfois à gommer ces lacunes. Du coup, l’esthétique globale oscille constamment entre émerveillement et laideur. Ces images sont accompagnées par une b.o. en adéquation avec l'action, dont les compositions sont fortement appréciables. Ce récit s'achève sur une fin concluante, venant mettre un terme à Azur Et Asmar, qui est une création méritant d'être découverte, pour peu que l'on adhère à ce style graphique confondant.