Un huitième épisode de la saga "Saw" est annoncé pour novembre. Du coup, il est temps de se repencher sur les épisodes existants pour se remettre en tête l’histoire dans ses moindres détails, une intrigue magnifique de complexité et de simplicité étalée au gré de 7 longs métrages. Pour ceux qui ne connaissent pas la saga, ça fait un bout à regarder, et ça commence par ce "Saw" 1er du nom, que rien pourtant ne prédestinait à un tel succès. Le financement fut difficile, poussant les scénaristes James Wan et Leigh Whannell à renoncer à leur salaire pour ne prendre qu’un pourcentage en cas de succès (alors très hypothétique), car les producteurs refusèrent les uns après les autres jusqu’à ce qu’il y en ait un qui se jette à l’eau après avoir vu une maquette. Doté d’un budget de fond de tiroir avec 1,2 million de dollars, ce film devait sortir directement en DVD. Puis au fur et à mesure des projections-test, et des présentations en festivals, "Saw" a été finalement distribué en salles pour le plus grand bonheur des spectateurs. Enfin, pour le bonheur... si j’ose dire… Car "Saw" est un film qui peut en mettre plus d’un mal à l’aise : l’ambiance glauque et claustrophobique se fait sentir très tôt pour devenir omniprésente et de plus en plus pesante, et ce grâce à la collaboration étroite entre le scénario, les décors, la mise en images, la voix enregistrée sur cassette, le léger effet de résonance des voix dans cette insalubre pièce vide, et enfin la musique. Je crois que ces éléments sont définitivement indissociables les uns des autres pour ce long métrage, car sans l’un d’entre eux, "Saw" ne serait pas ce qu’il est et n’aurait pas eu le succès qu’il a eu. L’interdiction faite aux moins de 16 ans tient plus au gore résidant uniquement dans cette ambiance malsaine. L’intérêt du spectateur est captivé dès les premières images. Un bruit d’eau… un visage endormi sous la ligne d’eau… puis un réveil brutal qui nous saute à la figure ! Un premier jump scare gentillet qui peut vous faire passer à côté du premier détail, pourtant d’importance capitale !! Les détails : qu’ils soient simplement visuels (dans les accessoires), ou dans le choix des mots à la précision chirurgicale, c’est justement ce qui caractérise ce qui s’avère être plus un thriller psychologique qu’un film d’épouvante, un genre qui sera confirmé et développé au cours des suites données. C’est ainsi que nous découvrirons (en quelques mots mais ô combien significatifs) les motivations (dont on prendra la pleine mesure dans les épisodes suivants) de celui qui a mis ces deux hommes en si fâcheuse posture, un énigmatique tortionnaire dont le mode opératoire consiste à pousser ses victimes à opérer une longue et profonde réflexion sur eux-mêmes que le spectateur partagera au gré d’une multitude de flash-backs. Malgré la multiplication de ces flash-backs et l’intégration d’une enquête policière (avec Danny Glover en chef de file), ces scènes sont bien amenées grâce à des transitions que James Wan maîtrise à merveille malgré son inexpérience en tant que réalisateur. Ainsi le spectateur ne se perdra jamais dans le récit et continuera à ressentir l’ambiance inquiétante de ce huis-clos et subira une tension de plus en plus forte suscitée en partie par le délai imposé. L’idée est toute bête, mais elle fonctionne ! Au premier abord, et durant la plus grande partie du film, le scénario parait simple mais se révèlera bien plus complexe une fois que le délai imparti sera écoulé. Alors que l’histoire semblait se perdre dans une trame hélicoïdale sans fin aux effets de longueur cachés par des plans extrêmement précis (comme le zoom sur la pendule au "tic-tac" retentissant), c’est à partir de ce moment-là que tout s’accélère d’un seul coup, passant en revue tous les menus détails (qui, pour certains seront passés inaperçus à l’œil du spectateur) pour offrir au spectateur un twist final que personne ne peut imaginer et qui finit de nous scotcher. Aussi, lorsque vous aurez vu l’intégralité de la saga (exclusivement dans l’ordre, au risque sinon de trouver l’histoire sans queue ni tête), parce que vous vous sentirez O-BLI-GES de regarder la suite, je vous invite à la redécouvrir au moins une seconde fois pour découvrir cette foule de petits détails en temps réel et qui nous font rendre compte à quel point l’histoire est tordue mais bougrement bien pensée et incroyablement bien ficelée. Seul petit bémol : le jeu d’acteur un tout petit peu inégal de la part de Leigh Whannell et de Cary Elwes, bien qu’il soit très bon dans son ensemble. A noter, la présence de Danny Glover, parfait dans le rôle d’un homme arc-bouté sur une affaire qui l’obsède, à tel point qu’il en devient addict, comme nous les spectateurs en fait…