Le même metteur en scène est donc aux manettes, et, budget sans doute plus conséquent aidant, le film est bien plus riche techniquement que son aîné. La magnificence des costumes, des décors et des images est à couper le souffle. Par contre ce qu'il a gagné en technique, il l'a perdu en mise en scène qui, du coup est bien plus lourde et plus pompeuse. Mais on passera sur ce défaut. Car l'intérêt principal de l'entreprise est sans conteste aucun, l'interprétation. Cate Blanchett est donc, mais cela devient un pléonasme, formidable. Certes elle connaissait le personnage, mais elle a réussit le tour de force de le réinventer encore, d'avoir vieilli et mûri avec lui, de le rendre encore plus fort et plus attachant. Tout le long époustouflante, elle se surpasse dans quelques scènes d'anthologie qui sortent du lot : le face à face avec l'ambassadeur d'Espagne, la découverte de la trahison de la favorite, les visites à l'astrologue...
Le reste du casting est au diapason avec une telle locomotive. Les femmes se font la part belle. La jeune Abby Cornish tient bien la distance face aux grands pros qu'elle a devant elle. Samantha Morton, dans le rôle de Marie Stuart, est elle tout bonnement fabuleuse. Une froideur et un aplomb magnifique, du grand art. Clive Owen, Jeffrey Rush et Rhys Ifans sont très convaincants, mais celui qui est le plus impressionnant est l'espagnol Jordi Molla en Philippe II d'Espagne, fanatique religieux prêt à tout pour vaincre la reine vierge. Son regard fou, perdu, au moment de la défaite restera comme un grand moment.
Elizabeth, l'âge d'or a, en fait, tout ce qque l'on attend d'un film au cinéma. Une beauté formelle éblouissante. Une mise en scène certes très académique et parfois un peu lourde, mais rythmée et qui n'ennuie jamais. Un scénario passionnant, mêlant habilement la grande Histoire et les petites histoires du quotidien d'une reine atypique. Et une prestation grandiose et irréprochable d'un des plus beau casting de l'année. A voir donc.