"Après mon téléfilm Victor Schoelcher, ou l'abolition, j'ai fait pendant deux ans le deuil du cinéma en me vouant à la littérature. La rétrospective que m'a consacré la Cinémathèque française en février 2002 a relance la boule de flipper. J'ai donc, sur les instances de Danielle Darrieux, repris le projet écrit pour elle et Annie Girardot, La Marquise est à Bicêtre. Deux refus consécutifs à l'Avance sur recettes (après les dix-huit précédents) ont anéanti nos espoirs, irrité comédiens et techniciens qui m'étaient proches. (...) Ainsi est née l'idée que je m'implique moi-même dans un nouveau film dont le budget avoisinerait zéro et l'ambition artistique flirterait avec l'infini (?!). Francoise Lebrun m'a donné la dernière impulsion : nous devions nous retrouver vingt ans après Trous de Memoire et, exaspérés, assassiner les membres de la Commission de l'Avance... composée de sourds et d'aveugles ! Il fallait bien, pour que la fiction titille la réalité, parler précisément et concrètement d'un scénario pour lequel je solliciterais l'Avance... Qu'à cela ne tienne ! J'avais dans mes archives les rushes d'un film commencé quelques années plus tôt, resté inarchevé pour les raisons classiques : le flouze, le blé, l'oseille, le fric... De plus, je n'avais jamais présenté ce film, La Guèpe, à l'Avance. Pleine fiction donc, avec mes complices (...) pour jouer la comédie de la plénière. Mais je désirais parler d'argent de façon plus générale. Aussi ai-je rajouté cet autre segment : un illuminé (muet comme l'est Monsieur Paul dans La Guèpe) qui volerait les riches pour donner aux pauvres. (...) Et bien sûr, le film terminé, vingt-et-unième refus de l'Avance. La boucle est bouclée ? Non, je continue. J'entre dans la Résistance."
Paul Vecchiali : "Je voulais que le burlesque avoisine avec l'angoisse (le comment des meurtres), la pédagogie avec le tragique (d'où sort l'Avance sur recettes, comment fonctionne-t-elle) ; et la poésie peut-être avec l'économie (le cinéma dans tous ses états)."
C'est une aide accordée par le Ministère de la Culture au bénéfice des films français. Conçue pour permettre à des cinéastes de réaliser des oeuvres novatrices et ambitieuses, elle fut instituée par le décret du 16 juin 1959, époque où les jeunes "auteurs" de la Nouvelle Vague cherchaient à imposer un cinéma différent du cinéma commercial dominant. Dès 1963, un auteur-réalisateur peut donc lui-même obtenir une promesse d'aide, susceptible d'inciter un producteur à prendre en charge le projet. Il s'agit d'une avance sur les recettes qui seront générées par le film, accordée avant la réalisation, à la lecture du scénario. Si les recettes le permettent, cette avance sera remboursée. Cette aide sélective est prise sur un budget géré par le Centre National de la Cinématographie et alimenté par le Compte de soutien (taxe prélevée sur la billetterie des salles + un pourcentage des recettes des chaînes de télévision) et par le Budget général de l'État (depuis 1982).
Une Commission est chargée de sélectionner les projets. Elle est composée de deux "collèges" : le premier consacré aux premiers films, le deuxième s'occupant des réalisateurs ayant au moins déjà tourné un film. Les membres de cette commission sont renouvelés chaque année. Plus de 500 projets sont examinés annuellement (le taux de sélectivité est de l'ordre de 5 % pour les premiers films et de 20 % pour le second collège). La Commission peut aussi accorder des “Aides à la réécriture” et des “Avances après réalisation”. Cette aide relativement modeste (10 à 15 % du coût total, aujourd'hui, pour des films à petits budgets), reste l'apport initial moteur qui “crédibilise” le projet et lui permet de trouver d'autres financements.
A l'occasion de ce film de "famille", Paul Vecchiali a obtenu la participation de nombreux comédiens qu'il avait déjà dirigé dans ses précédents films. Ainsi il a retrouvé ses vieux complices Jean-Christophe Bouvet (avec lequel il avait collaboré sur cinq films), Francoise Lebrun (trois films), Hélène Surgère (cinq films) ou encore Nicolas Silberg (quatre films).