Bertrand Blier, grand artiste du cinéma et père de son oeuvre la plus marquante les valseuses, témoignait à l'époque d'une provocation qui le hissait au statut des plus grands controversés français de son temps. Mais aujourd'hui, le réalisateur est dépassé. L'un de ses derniers films, Les Acteurs, fut en partie une grande déception. Le fait s'explique par un défaut majeur. En effet, les productions du réalisateur ne font plus les mêmes effets sur le spectateur du troisième millénaire que sur celui des années soixante-dix. Les idées vieillissent effroyablement, la réalisation n'a plus rien de choquante, ni même d'agressive. Pire encore pour Combien tu m'aimes, Blier essaye d'intellectualiser son histoire sur le plan formel, utilisant des airs d'opéra inappropriés qui, faute de vouloir piquer le public bourgeois, montre que le pauvre cinéaste ne comprend plus que cela ne nous fait plus d'effet. Et soyons honnêtes, le dernier film de Bertrand Blier signe la fin de son oeuvre. Pour ce qui est du scénario, Monica Bellucci, déguisée en prostitué, nous fait le coup foireux du parcours amoureux ambigu. Gérard Depardieu lui se met dans la peau d'un gangster jamais crédible, limité dans un personnage qui, comme tous les autres, se heurtent à l'une des plus graves erreurs du film : une utilisation symbolique bornée et inefficace. En-autre, le film ne cherche pas la cohérence scénaristique mais une représentation cérébrale des sensations, d'un ensemble passionnel sur les relations humaines. Soit, mais ce n'est pas pour autant réussi. L'esthétique plombe l'écran, entre jeux de lumières pitoyables et un mélange esthétique arrogant et piteux. Hormis peut-être le jeu d'acteur de Bernard Campan, les dialogues volontairement crus dans une certaine inconscience de l'esprit, proche du Surréalisme, est peut-être la seule image intéressante de ce film. Heureusement, on arrive cependant à éviter l'ennui. Essoufflé et terriblement archaïque, Combien tu m'aimes est l'échec ultime. Dommage.