Ce n'est pas facile à dire, surtout pour un fan absolu du premier épisode (souvenir ému des fous rires suffocants qu'il produisit, naguère, en salle obscure) : c'est un peu par défaut qu'on va voir les dernières aventures de l'ogre vert, semi-découragé par le troisième épisode et le niveau que promet ce quatrième, tellement certain d'être déçu que la déception en paraît impossible. Ni déception ni bonne surprise, Shrek 4 s'en tient à son programme, prévisible jusque dans le moindre gag et rebondissement, sans audace. La bonne nouvelle est qu'il s'y tient très correctement, livrant un produit carré et soigné, un cran au-dessus du foutage de gueule Shrek le troisième en 2007. La franchise n'avait besoin que d'une bonne idée, une seule, pour se relancer, proposer un petit quelque chose pour se clore sans déshonneur ; les scénaristes l'ont trouvé. Réinstallé avec Fiona et les gosses dans son bon vieux marais, l'ami Shrek expérimente le happy-end traditionnel du conte (''Ils furent heureux, se marièrent'' etc) et s'en accommode moyennement, embarrassé par tous ses potes qui le trouvent trop sympa, regrettant le temps où il faisait cavalier seul et terrifiait du villageois. Le salut viendra par un trouble-fête rouquin et parvenu, le célèbre nain Rumpelstiltskin, qui patientait déjà dans les coulisses du premier épisode (bonne idée, bon prologue) pour venir sur le devant de la scène, récupérer le royaume de Far far away et se venger de Shrek, qui lui a involontairement volé son trône de monarque. Rumpel' propose à l'ogre ravi un contrat faustien dans lequel, pendant une journée de vie ''alternative'', il pourra récupérer son rôle d'affreux jojo ; mais la contrepartie est rude : deal avarié, Fiona pourchassée, Chat empâté, Âne amnésique, monde plongé dans le chaos, Shrek va devoir faire des pieds et... des pieds pour rebooter sa belle existence de père de famille. Comment? Ben par un baiser d'amour avant le lever du jour, pardi (waow, le choc). Bien entendu, la pirouette du ''monde alternatif'' est une idée qui n'en est pas une, rendue incontournable par La vie est belle de Capra et réutilisée depuis, avec autrement de puissance qu'ici, par tout un pan de la culture ciné moderne, de Retour vers le futur 2 à Mr Nobody, en passant même par la série télé Lost. Le mix entre Faust (le contrat diabolique) et l'héroic fantasy (la sous-intrigue de la résistance souterraine des ogres), greffé comme une roue de secours, achève de compléter un scénario-matière de récupération, cependant bien ficelé et bien mené, propice à tout un boulevard (un peu facile, c'est vrai) de vannes et de rebondissements efficaces. La perte des repères, ici poussé à son paroxysme (un monde familier où l'on ne reconnaît plus rien), a d'ailleurs toujours été un des horizons de la saga Shrek...
(la suite de la critique sur mon blog : http://mon-humble-avis.blogs.allocine.fr)