Tideland est un film étrange, troublant et dérangeant
Rien de bien atypique dans luvre de Gilliam capable des pires excès cinématographiques, rappelons nous le fatras des « Frères Grimm », comme du meilleur touchant au génie avec « Brazil » par exemple. Mais ici, bien plus que la démesure ou lextravagance, cest le propos même qui perturbe.
Cette tranche de vie de la petite Jeliza-Rose, filmée sur le vif et dans lurgence nous surprend par ses moments de pur lyrisme contrastant avec lhorreur de son quotidien : déchéance des parents, adultes dégénérés, solitude, drogue, mort, violence, vice
Ce qui la sauve, cest le reflet de son incroyable personnalité qui emplit son monde imaginaire. Où les têtes de ses poupées, ses meilleures amies, se font la voix de sa conscience, linvitant à exprimer tout haut ce quune enfant de cet âge est incapable dappréhender, lui procurant une maturité hors du commun
Pour elle, les adultes ne sont pas jugeables, ils évoluent comme tel et il faut composer avec, même dans les pires extrémités
Et Gilliam de filmer cela constamment à la limite
du sublime, de lhystérie, de lindécence, de linsupportable. Et ce malaise prend lascendant sur des scènes souvent inspirées, dune plastique impeccable, chargées de grâce et de panache.
A la manière dun Lewis Caroll, sa petite Alice interprétée par la jeune prodige Jodelle Ferland, surprenante dauthenticité et de spontanéité, sombre peu à peu dans cette terre des marées au parfum amer de lenfance perdue, comme dans un mauvais trip. Trip dont elle ne se sortira que difficilement. Et nous avec !