C'est dur, mais c'est ainsi : j'ai beau regarder, vivre, rêver ce film, je continue de penser que le Terry Guilliam de ce film n'est pas l'illustre réalisateur de "Monty Python", "L'armée des douze singes" ou encore "Brazil". Et pourtant si. Et plus le film se déroule, plus une réplique me résonne à l'esprit "plus bas, plus bas, plus bas, est-ce que cette chute n'en finira jamais ?". Aux yeux de quelques mères de familles féministes, d'étudiants ringards de première année de droit et de connard prétentieux qui sont à la critique ce que le vinaigre est au vin, ce film est "choquant". Dans l'hypothèse où ce film serait en effet "choquant", il ne peut pas l'être puisque Guilliam s'est viandé lamentablement. J'en ai marre de voir des gens se plaindre d'un film qui appartient à un genre alors qu'ils n'apprécient pas le genre. C'est aussi logique qu'un humain de sexe masculin ouvrant son groin sur la douleur de l'accouchement.
C'est l'histoire d'une petite fille prénommée Jeliza-Rose, une petite fille pas comme les autres qui a une famille pas comme les autres et une vie pas comme les autres. Et lorsqu'elle se retrouve seule dans la prairie avec le cadavre de son père Jeff Bridges (la mort de la mère est de loin l'évènement le moins intéressant du film, c'est pourquoi je ne parlerai pas du décès de la fécondatrice de Jeliza-Rose qui se fout d'ailleurs royalement du départ vers l'au-delà de sa propre maman qui, de toute façon, n'avait pas l'air d'apprécier sa progéniture. En même temps, quelle genre de grognasse camée partagerait son chocolat avec une attardée psychopathe ?), lorsqu'elle se trouve dans la petite maison dans la prairie, disais-je avant de m'interrompre, elle ne trouve rien de mieux à faire que s'imaginer sa petite vie faite de tête de Barbie, de pirate, d'écureuils parlants et d'autres conneries du genre.
Avec un départ qui sait capter l'attention du spectateur, entre le rôle de papa modèle de Jeff Briges et la petite fille mystérieuse, on peut s'attendre à quelque chose de bien. Après tout, y a pas de raison. Mais dès que cet arriéré sur-joué se pointe, on sait que le film va se faire long et qu'au lieu de s'imposer les rêves des autres, on ferait mieux de faire les siens. Avec ça, Terry nous fait balader de délire en délire en se foutant des naufragés qui n'ont pas embarqués et qui se sont noyés dans ce monde illusoire. Pour les tordus, ils sortiront la tête de l'eau à chaque fois qu'un passage malsain pointera le bout de son nez comme la pédophilie, la nécrophilie, les départs de vacance du papa préparés par la Jeliza-Rose, etc …. Pour les âmes sensibles, ils pourront vomir pendant ces mêmes moments et s'empresser de faire une critique bidon centrée sur le "choquant" du film.
Ce film n'est pas choquant, il est déroutant. Si on lui retire les jeux d'acteurs plutôt brillants, une mise en scène impec et une ambiance parfois agréable, nous nous retrouvons ipso facto avec un bâillement perpétuel qui nous emmène à la déliquescence de ce film qui n'en finit plus. Les bons moments viennent par ci par là, sporadiquement. Sauf que les bons moments sont trop peu. Un mot pourrait résumer ce long-métrage : lassant. La VF quant à elle est provocatrice de suicide. Une éternelle douleur auditoire qui poussera les plus censés à se percer les tympans à coup de tisonnier (d'ailleurs sans son ce fil pourrait-être bien).
Bon Film :