Camera d'or au festival de Cannes en 2004, ( meilleur premier film de toute la compétition) présente à la semaine de la critique, " mon trésor " est au regard de son prix prestigieux, une petite déception.
Si l'interprétation est son point fort, le manque de point de vue de la réalisatrice Yedaya Keren, qui s'exprime dans un scénario pas très bien écrit, est au contraire son point faible.
Au travers de l'histoire d'une mère de famille isolée à Tel Aviv, qui se livre à la prostitution pour vivre et dont la fille jeune adulte, finit par elle aussi suivre la même pente, la cinéaste se contente de ce principe de départ, sans tenter de développer son propos.
Certes, on retrouve avec grand plaisir Ronit Elkabetz, très grande actrice israélienne dont les qualités sont exceptionnelles en compagnie de Dana Ivgy, (elle aussi à la hauteur mais écrasée par le talent de Elkabetz), mais au delà de la première demi-heure, le film finit par tourner en rond.
La réalisatrice veut elle nous faire part de l'impossibilité de s'extraire du tropisme familial ? de la pauvreté qui conduit à la prostitution ? de l'hypocrisie de la société qui condamne les mœurs dissolues mais qui en fait la permet, voire la favorise ?
Peut-être un peu tout ceci, mais le scénario et les dialogues ne sont pas à la hauteur pour emporter le spectateur sur le chemin de la réflexion de la cinéaste.
Keren Yedaya, dont la carrière sera peu fournie, (après ce premier film n'en mettra plus en scène que trois, dont " jaffa" toujours interprétée par Ronit Elkabetz) n'aura pas l'occasion de transformer son premier essai.
L'actrice Ronit Elkabetz, avec son frère Schlomi, passera elle-même la réalisation à la même époque que celle de " mon trésor ".
On doit reconnaître qu'elle surclassera d'ailleurs Yedaya avec " prendre femme" son premier film comme cinéaste.
Ceci dit, " mon trésor" se regarde avec intérêt et plaisir, même s'il laisse malheureusement l'impression de ne pas avoir été suffisamment travaillé dans sa seconde partie.
Toutefois, les aficionados de Ronit Elkabetz ne le manqueront surtout pas, l'actrice décédée prématurément en 2016, soit douze ans après ce film, n'a pas une filmographie suffisamment fournie pour manquer une seule de ses merveilleuses et formidables prestations.