Le tournage de Coming Apart s'est déroulé de façon très ordonnée. Le dialogue était scrupuleusement écrit, le réalisateur Milton Moses Ginsberg avait noté jusqu'à la moindre respiration. Le travail avec les acteurs consistait surtout à déterminer le moment où ils devaient dire leur texte. Les prises pouvaient durer jusqu'à deix minutes et si un acteur oubliait une réplique, l'équipe devait repartir du début. Certaines séquences du film n'étaient en fait pour les comédiens que des répétitions, le réalisateur les filmant à laur insu pour privilégier le naturel.
L'érotisme, le voyeurisme assumé et la mise en scène de la "naïveté" de la caméra avaient valu à Coming apart d'être peu apprécié par la critique à son époque, à la fin des années 1960. Mais avec le temps et le triomphe des programmes de télé-réalité et autres caméras cachées, Coming Apart a été consacré à la fois comme avant-gardiste et témoin de son temps. Le MOMA à New York a beaucoup contribué à sa reconnaissance en présentant des projections exceptionnelles du film en 1998.
Le réalisateur Milton Moses Ginsberg confie que le sujet de Coming Apart est très autobiographique : " j'ai mis du temps à l'admettre mais aujourd'hui, avec le recul, cela me frappe. Quelques années auparavant, j'avais vécu une histoire difficile avec une femme. (...) Comme je n'arrivais pas à m'engager pleinement , elle a fini par épouser quelqu'un d'autre. Cela m'a rendu fou, surtout qu'elle et son mari vivaient dans le même quartier que moi. Une fois je me souviens avoir regardé par la fenêtre de mon appartement et les avoir vus, en bas, rire tous les deux, elle le doigt pointé vers mon étage. J'étais tellement hors de moi que j'ai déménagé pour m'installler dans le même immeuble qu'eux. Et j'ai même décidé de faire un film là-dessus : l'histoire d'un type qui s'installe dans le même immeuble que celui de son ex-copine, et qui décide d'en tirer un film! C'est devenu Coming apart...
Le film a été très critiqué au moment de sa sortie et classé X, ce qui a certainement éloigné le public du film, selon le réalisateur :"ce qui a été le plus critiqué n'était pas le fait de montrer le sexe, mais mon effort pour le montrer de manière franche et naturelle. Beaucoup de gens, en particulier aux Etats-Unis, n'apprécient pas cette franchise... A l'époque, on ne vous pardonnait pas de parler ainsi de sexe ou même de sentiments, et je ne suis pas sûr que les choses aient beaucoup changé aujourd'hui..."
Coming Apart est filmé selon un angle de caméra presque unique. Dissimulée dans un objet d'art cinétique, la caméra fixe en permanence le divan de l'appartement de Joe Glazer. Le champ de vision du spectateur est donc enfermé dans ce tableau unique, à la limite de la claustrophobie. Présenté comme une sorte de documentaire amateur en caméra cachée, Coming Part place le spectateur dans la position du voyeur qui assiste à des scènes de vies intimes biaisées par le psychanalyste / metteur en scène.