Coldwater, premier film de Vincent Grashaw, est un drame carcéral puissant mais basique qui arrive en retard par rapport à la concurrence et s'enlise dans des clichés et des erreurs de débutant. Pour son scénario le film plonge dans un manichéisme primaire et parfois rebutant, c'est généralement le principal problème de ce genre de film car il n'arrive jamais à nuancer leurs figures de l'autorité. Ici on ne déroge donc pas à la règle et on nous plonge dans un enfer pour mineurs ( comme l'indique si bien l'accroche française du film ) qui est brutal et désespéré. Rare seront les oreilles attentives et le film souligne assez bien se phénomène de livrer la jeunesse à elle-même, de ne plus la prendre au sérieux et surtout de la blâmer d'avance comme si c'était la seule responsable de son sort. Car ici le problème viendra de l'écoute et du manque d'attention, elle à beau crier sa rage et son désespoir cela tombera toujours dans l'oreille d'un sourd et seules les mesures radicales permettent d'obtenir satisfaction mais il est alors trop tard. C'est donc un propos fort que sert le film même si dans sa vision il a parfois trop tendance à victimiser sa jeunesse et son héros comme si ils n'étaient que de pauvres âmes victimes de la vie alors qu'ils ont néanmoins fait des mauvais choix qui ne peuvent être imputé qu'à eux mêmes. On revient donc au manichéisme prononcé du film et son absence de nuance. Il est donc fort dommage que l'écriture puise allègrement dans les clichés pour bâtir son film alors qu'elle aurait pu facilement se montrer plus subtil et plus puissante surtout qu'elle ce montre parfois faible par rapport aux ténors du genre. Pour ce qui est du protagoniste sa vie passé manque cruellement de vraisemblance car on peine à croire que tout les malheurs du monde arrive à une seule et même personne surtout que la plupart de ses problèmes sont prévisibles et caricaturaux
( il est délinquant parce que son père est mort et sa copine meurt par sa faute ce qui enclenche ça quête de rédemption... C'est tout simplement du déjà-vu )
. Le film pâtit donc d'une écriture trop grossière et mesquine car elle n'est pas totalement franche et ça même si son propos est plus que louable, le film va brosser le spectateur dans le sens du poil en surfant sur une recette qui a déjà fait ses preuves, je l'ai nommé le très grand Drive. Que ce soit dans son héros taciturne ainsi que le choix de l’interprète comme la façon de le filmer tout cela sent la référence à plein nez pour attirer le public que ça en devient presque un gimmick. Alors oui P.J. Boudousqué est un très bon acteur, son interprétation est puissante d'émotions refouler et de rage contenu, il crève l'écran à chaque plans mais il faut ce rendre à l'évidence si il a eu le rôle c'est aussi pour ça ressemblance frappante avec Ryan Gosling. Cela n'enlève rien à son talent mais je trouve ça un peu petit, surtout qu'une partie de la promotion semblait jouer autour de ça. Sinon pour ce qui est du reste du casting ils sont très bon. Par contre pour la réalisation on peut reprocher des flashbacks inutiles qui ralentisse l'action instaurant au film un faux rythme et qui créer quelques longueurs. De plus ceux-ci ne sont pas intéressants et ne font qu'ajouté de la caricature à l'ensemble alors que garder une part de mystère autour du héros aurait été plus judicieux et l'aurait rendu que plus charismatique. D'ailleurs le film sera maladroit dans son final car beaucoup trop explicatif, le film crée un faux suspense ( faux car la vérité sur les événements de fin était hautement prévisibles ) mais y revient sous forme de flashback qui non seulement alourdi l'ensemble mais prend aussi le spectateur pour un con alors que si il avait eu la bonne idée de ne pas revenir sur ses événements et laisser le spectateur faire ses propres déductions, il aurait été plus impactant et aurait poussé la réflexion plus loin. Sinon la mise en scène est correct, Vincent Grashaw filme son acteur amoureusement comme Refn l'avait fait pour Gosling en s'intéressant à son regard pénétrant et son visage taiseux mais il n'a pas peur de filmer la violence et le désespoir de façon frontal ce qui confère à l'ensemble un effet coup de poing malgré le faite qu'il surfe un peu trop sur la vague Drive. En conclusion Coldwater est un bon film qui mérite à être vu pour son propos qui est vrai et fort mais qui souffre de problèmes de construction narratives ainsi que de son ambition envahissante d’être le nouveau Drive alors qu'il n'en n'a ni la dimension ni le talent. Malgré tout on ne peut pas boudé le film qui se montre néanmoins sincère dans sa démarche, parfois maladroit mais c'est un premier film donc c'est facilement excusable surtout qu'ici il y a suffisamment de choses intéressantes pour y être attentif.