Après avoir déjà prouvé avec "Le Seigneur des Anneaux" et "King Kong" que Peter Jakson était un maître de l'émotion ( certes les films que je viens de citer ne sont pas du genre dramatique, mais ils réservent bon nombres de scènes très sentimentales cependant, que ce soit l'enchaînement de "King Kong" où les nombreuses scène de nostalgie du "Seigneur des Anneaux" ), Peter Jackson décide cette fois de consacrer tout un film à cet art. Et de ce côté là, on peut dire que c'est extrêmement réussi. La première partie du film, où le cinéaste met en place son intrigue et ses personnages, est d'autant plus forte que l'on sait ce qui va arriver à la jeune fille, les dialogues et les relations avec la famille n'en prenant que plus de sens. La seconde partie quand à elle fait place à l’enquête et le cauchemar qu'endurent les parents, et plus généralement la famille. C'est plus pour le second aspect que "Lovely Bones" se trouve être un véritable bijoux. Car, là où au premier abord le scénario nous laisse croire que l'on suit l'histoire du point de vue de Susie Salmon, il se trouve finalement qu'on le suit du point de vue, si ce n’est de ses parents, du moins d'une de ses connaissances. En effet, on connait déjà le personnage avant son meurtre, et l'on ne peut s’empêcher d'imaginer ressentir ce qu'endure la famille de la jeune fille. Et c’est tellement bien filmé, si vertueusement mise en scène que l'émotion est très forte. L'on ressent de la compassion pour les parents, de la tristesse et l'on partage leur souffrance. Si seulement Jackson s'en était tenue là au lieux de développer une intrigue interne concernant l'avancement de l’enquête. Ce dernier choix du réalisateur gâche, non pas tout, mais ce qui aurait pu faire du film un chef d’œuvre. Car cet aspect "policier" est vide de sens, puisque d'abord sans émotions, mais surtout sans suspens ( la compassion que l'on éprouve vis à vis de la famille ayant pris le pas sur la volonté de voir le pédophile sous les verrous ). Mais outre l'aspect émotionnel, avouons que ce dernier ne serait rien sans l'exceptionnelle interprétation des acteurs, que ce soit Stanley Tuccy, méconnaissable mais non moins terrifiant et sadique, ou les parents, joués respectivement par Mark Wahlberg et Rachel Weisz, cette dernière étant magistrale dans le rôle de la mère détruite intérieurement. C'est pour elle que l'on éprouve de la compassion, c’est pour elle que l'on souffre. En revanche on ne peut pas en dire autant de Saoirse Ronan, qui n’est pas à la hauteur d'un rôle trop lourd pour elle. Mais malgré la catastrophique prestation de cette dernière, le film reste intacte sentimentalement et reste proche du chef d’œuvre, sublimé qui plus est par une photographie magnifique. On regrettera simplement les scènes au "paradis" qui, pleines de promesses, se révèlent finalement et malheureusement inutiles. Bref, un superbe film, qui prend aux tripes le spectateur grâce notamment à sa réalisation et à son interprétation, mais qui reste tout de même éloigné du chef d’œuvre en raison d'une intrigue parallèle inintéressante, malgré la superbe idée de départ.