Réalisateur que j’apprécie vraiment, casting de qualité, sujet totalement dans un registre que j’affectionne, bref, Lovely Bones était pour moi un de ces métrages incontournables, et que je n’avais pourtant jamais osé voir de peur d’être déçu ! Pour être franc, je l’ai été quand même ! Je m’attendais vraiment à balancer un 5 étoiles tant tout semblait réuni pour faire un film génial !
En fait il y a d’excellentes choses, et, la surprise a été pour moi Saoirse Ronan. Actrice que je ne connaissais pas du tout, elle est à mon sens un des choix de casting les plus judicieux que j’ai pu voir dans un film ! Très expressive, rendant très rapidement compte d’un sentiment par quelques attitudes, on s’attache aussi très rapidement à sa personnalité, à son rôle qu’elle sait rendre agréable. Bref, on l’aime vite, et forcément dans ce genre de film c’est un avantage certain ! Je crois d’ailleurs que la deuxième partie qui la voit moins présente gagne en faiblesse à cause de cela ! Les autres acteurs ne sont néanmoins pas critiquables. Wahlberg trouve un bon rôle et l’acteur me convainc davantage ici, Rachel Weisz m’a semblé un peu sous-utilisée dans ce film alors que je l’ai trouvé toute indiqué pour avoir une présence bien plus importante vu ses qualités, et Stanley Tucci est mémorable en revanche ! A noter des seconds rôles qui ne manquent pas de relief, Susan Sarandon étonnant avec un rôle excentrique.
Non, le casting est bon, rien à redire. Pour l’histoire c’est autre chose. Clairement la première partie est excellente. Dynamique, pleine de vérité, volontiers drôle et pourtant oppressante par moment, intégrant à merveille la voix off, posant très bien le décor et le cadre, la première partie du film est aussi réussie que possible. Par contre la deuxième partie m’a laissé plus dubitatif. J’ai trouvé que le film a commis une erreur de vouloir à tout prix nous montrer le semi-paradis de l’héroïne, ce qui n’apporte pas grand-chose, casse le rythme, et vient surtout donner trop de consensualité au film. En effet, Jackson se montre remarquablement respectueux dans ce film, de la victime. Ce que je veux dire c’est que le film évite le racolage facile, et s’attache bien aux sentiments, aux émotions, mais c’est poussé jusqu’à être totalement édulcoré ! Il y a beaucoup d’implicites, mais à force cela amène le film à parler de choses qu’on ne voit jamais, et surtout on sent que dès qu’on reste plus de cinq minutes dans la tristesse des proches, il faut vite aller dans des décors joyeux et colorés histoire de ne pas sombrer dans la morosité. Je peux comprendre, mais du coup, curieusement, j’ai parfois eu du mal à être réellement touché par les sentiments et les émotions, du moins passé la première demi-heure, alors qu’on devrait ressortir du film remué. En ce sens Lovely Bones m’a un peu déçu, en privilégiant largement l’onirisme poétique à la réalité, cruelle certes, mais forte.
Visuellement Lovely Bones ne manque pas de qualité. Jackson est un réalisateur de talent, sa mise en scène est brillante (le meurtre est un bijou d’implicites justement), et très tendre avec ses personnages. Il rend aussi fort bien le caractère machiavélique du méchant ! En revanche il y a quelques débordements numériques pas toujours justifiés, Jackson n’ayant visiblement pas récupéré totalement de sa boulimie d’effets visuels ! Belle photographie, beaux décors, l’ambiance est bonne, tout du moins dans le monde réel. Là encore le monde fantastique est très coloré et plein d’inventivité, mais ça sonne très artificiel, trop faux. Musicalement c’est bien, mais qu’est-ce que j’aurai aimé une bande à la Paperhouse, qui joue sur la tristesse et la joie, une bande vive et envoutante.
Lovely Bones n’est pas un ratage, mais je reste déçu, peut-être à cause de mes attentes d’ailleurs ! Pour moi c’est un film qui édulcore beaucoup trop ses sentiments, l’émotion, peut-être car le sujet très sérieux pouvait laisser craindre un ratage financier pour une grosse production. Mais bon, du coup on ne fait qu’effleurer les sensations, et c’est dommage. Je garderai quand même la superbe révélation qu’est Saoirse Ronan. 3.