Ce film fait partie d'une série merveilleuse : les films sur lesquels on (surtout je) tombe à 2h du matin à la téloche, par hasard, sans jamais n'avoir entendu seulement parler du réalisateur, jamais vu un acteur, ou même lu quelque chose à son propos, et sur lequel on va d'abord porter un oeil interrogé mais distrait, pour finir par le classer parmi les plus belles pépites cinématographiques qu'on ait jamais vues.
Nobody Knows, c'est subtil, tendre, et mignon. Nobody Knows, c'est affreux, triste et cruel, d'autant plus que l'histoire est inspirée de faits réels. C'est du cinéma "mou", mais pas au sens péjoratif : rien n'est précipité, tout se déroule de façon simple et naturelle, au rythme des saisons qui passent et des enfants qui grandissent.
Ici, on ne fait pas mourir les gens avec des violons et des "Oh Janice, I love you so" ("Oh Janiceuh, je t'aimeuh tang"), on n'a pas recours à des prétextes scénaristiques pour faire larmoyer les spectateurs. Tout simplement, Hirokazu Kore-Eda ne se fout pas de la ****** de son spectateur. Il monte une histoire qu'on regarde comme on voit des gens passer dans la rue, comme on assiste à une scène particulière que attire notre regard quelques instants et à laquelle on va penser quelque temps, oublier, et qui va resurgir quand on ne s'y attend pas. Tout y est vrai, simple et concret, on ne doute pas une seconde de l'histoire de ces personnages formidables interprétés par un casting inédit mais surdoué de gamins de 5 à 14 ans.
Si ce film ne vaut pas le détour, alors c'est très simple : peu de films valent la peine d'être vus.