Cinq pieds-nickelés tendres, rustres et pathétiques, contrôleurs dans le métro de Budapest, évoluent dans l’obscurité sordide, grasse et inculte, qu’ils constituent en partie, des sous-sols viciés de Budapest. Au fil de leurs pathétiques clowneries, de l’hostilité générale, de la poursuite perpétuelle d’une faune qui leur échappe, ces néo-marginaux fonctionnarisés, désabusés et écrasés par leur hiérarchie aux relents soviétiques sont tous menacés de leur démence intime. L’ennuyeuse prolifération de gagounets-peu-de-banane, volontairement démesurés et écœurants, ponctuent leurs déambulations rocambolesques dans un méta-monde glauque, violent et pervers. Ce tendre, trash et étrange mélange de genres déploie une fine et angoissante satire d’un terrifiant monde socio-politico-professionnel qui ne plaisante pas. Il nous embarque dans l’obscurité délinquante, psychopathique et crasse qui pue la vieille huile et la poussière souterraine. Il nous fascine enfin en nous incluant dans la schizophrénie du héros, enfermé autant dans ses cauchemars que dans cette tentaculaire tombe urbaine devenue son seul refuge. Ecartelé entre psychose et réalité, il le sera tout autant entre la poursuite du monstrueux assassin encapuchonné du métro que tout le monde recherche, et l’approche amoureuse d’une jeune femme marginale qu’il perçoit comme son seul et insolite espoir de fin heureuse.
Cette comédie hongroise revendique clairement un surréalisme sinistro-comique, un burlesque sombre et caricatural, au détriment d’une narration logique et réaliste. Certaines m’ont enchanté, comme Brazil par exemple, mais la plupart m’a souvent parut grossière, misant trop sur la bouffonnerie, nécessitant un gros joint pour apprécier. Là, j’ai beau avoir éprouvé du très lourdingue, ce film m’a également suscité du très bon, du dérangeant, du halètement et un incontestable envoutement.