Cataloguée "coup de poing" par la presse à sa sortie, cette rediffusion de la "Montgolfière 2003" du Festival des Trois Continents nantais surprend toujours dans son approche frontale. Quelques faiblesses techniques sans doute dues à la pauvreté des moyens (son grésillant, caméra sautillante)... Mais quelle passion ! Garder en tête qu'on est sur l'Ile de Fidel Castro, une forteresse à chansons langoureuses, avec corps en transes, la version touristique. La réalité semble bien être l'absence de perspectives, qui finit par faire bouillir en larges débordements d'hilarité. Tendresse mariée avec rudesse donc, pas loin de l'hystérie... Car il faut bien que cette population au sang chaud parvienne à respirer. L'entrée en matière reste chaotique, axée sur le conflit intergénérationnel. La scène la plus marquante débarque au bout d'une demi-heure, devant cette bière consommée au bar par deux femmes défiantes, à la recherche d'un peu d'authenticité dans l'éternel étau... L'affrontement physique ou verbal reste le langage préféré de Joel Cano. Ses personnages seraient-ils juste un microcosme, avec idéal élevé en attente d'un miracle extérieur ? La salle entière, au départ malmenée, finit par fondre face à cet appel au secours.
En contrepoint des promesses touristiques de son ile, le réalisateur nous montre tout ce que son ile peut avoir de plus déjanté et loufoque dans un fourre-tout qui n'a pas la moindre cohérence. Il nous exhibe l'errance de trois hystériques (une dépressive, une adolescente rebelle et une malade condamnée), dont on ne connait que quelques bribes de leurs passés et un futur qui semble absent. En revanche, leur présent, n'est fait que de débauche et de partouzes en réponse à une vaine quête de sens, tout autant que nous face à ce film qui n'a pas la moindre profondeur, où tout se fait dans l'exhibition des plus désabusés sans l'ombre d'une réflexion, si ce n'est celle d'un travesti qui a enfin les seins qui poussent!