Ca fait longtemps que je n'avais pas été captivé comme ça, je n'ai ressenti aucun phénomène de longueur, on savoure chaque scène et chaque image, les personnages sont riches (Jacobo, le Bacri de l'Uruguay ? Marta, touchante ouvrière dévouée mais pleine de rêves), la mise en scène sobre mais terriblement efficace (on dirait Kaurismaki, y'a pire comme référence) et pas complaisante ni misérabiliste pour un sou. Le jeu des acteurs est tout bonnement incroyable, c'est fou d'arriver à faire passer tellement de choses par un seul regard ou une attitude... et en plus on se marre ! Comment ne pas rire devant ce personnage d'Herman, gesticulant et faussement enthousiaste, véritable moulin à parole, qui débarque dans ce monde de silences pudiques ? Non, vraiment, le cinéma sud-américain gagne à être connu...
En sortant du cinéma, j'étais passablement déçu : quelle lenteur ! A la réflexion, ce film ne manque pas d'intérêt, en laissant au spectateur une grande part à son imagination (ça change des films où tout est imposé, sans marge de manoeuvre pour le spectateur) et à ses interprétations. Le rapport des personnages, tout en gêne, en implicite, en lassitude et en déception, est de grand intérêt. Dommage que des facilités (silences, répétitions d'actions) n'altèrent cela.
Ce film est vraiment à part. Un humour totalement décalé... et une réflexion plus qu'intéressante (et embarassante aussi !!!) sur la vie et sur nos habitudes. Très bien réalisé.
Voilà un bon petit film qui fait penser à l'excellent Homme sans visage de Kaurismaki. Ici des personnages dont nous ne saurons finalement pas grand chose essaient de s'adapter à une situation qui pourrait être burlesque et ridicule. Tout le côté décalé et improbable du l'histoire est finalement "apprivoisé" par des personnages qui tentent simplement de se montrer la hauteur de ce qu'ils estiment devoir faire. La fin est savoureuse, tout en non dit et en nuances.
Ce qui est le plus impressionnant dans ce film c'est qu'on s'ennuis autant que les personnages... Un peu comme `Bouvard et Pécuchet'. Les seuls "gags" sont ceux de la bande anonce.