Super Size Me a fait du bruit à sa sortie et fut un grand succès commercial. Aujourd'hui très populaire auprès du grand public, le documentaire est régulièrement diffusé en cours de science pour illustrer les méfaits de la malbouffe. Pourtant, il a essuyé beaucoup de critiques négatives, qui me semblent justifiées. Le documentaire est principalement connu grâce à l'engagement de son réalisateur, Morgan Spurlock, à manger trois fois par jour au McDonald's pendant un mois. En ce qui me concerne, j'ai apprécié cette démarche, qui permet d'abandonner la théorie pure pour se tourner vers quelque chose de plus concret. Certains considèrent cette manière de faire trop extrême et finalement peu représentative, mais il faut garder en tête que la culture des fast-foods est bien plus développée aux États-Unis, ce qui fait que la consommation des américains est beaucoup plus conséquente. De plus, cette version accélérée des choses montre bien que la malbouffe est terriblement mauvaise, le but étant de dissuader les gens d'en consommer, même occasionnellement (et pour répondre aux détracteurs : non, on arrive pas au même résultat si on consomme uniquement de la salade pendant un mois. On aura probablement des carences mais on ne se bousillera jamais le foie à ce point). Comme d'habitude avec ce genre de documentaires, on sait que ça va mal mais une fois plongé dans le problème on se rend compte que la situation est est pire. Spurlock pose l'affaire à plat et cherche à explorer un peu toutes les directions, il aborde notamment le rapport qu'ont les enfants à la publicité, ce qui est très intéressant. Mais le réalisateur atteint rapidement ses limites. Pour commencer, il parle de la mentalité américaine du "toujours plus" mais ne la critique pas et ne la remets pas en question, alors qu'elle est au cœur du problème. Ensuite, il passe rapidement sur certaines informations qui semblent pourtant capitales, comme la liste des complications liées à l'obésité. Enfin, il fait totalement l'impasse sur la question de l'hygiène, qui est pourtant un point sur lequel McDonald's est régulièrement critiqué. On touche ici le principal défaut de Super Size Me : son manque de rigueur. J'estime qu'un documentaire se doit d'être très précis, alors quand on parle d'un article français qui a fait trembler l'industrie du fast-food sans même citer le titre du journal, ça passe moyen... Par ailleurs, le réalisateur a clairement pensé son œuvre comme un divertissement. L'ensemble est ponctué de bruitages comiques et de séquences (mal) animées qui n'ont rien à faire là. Du coup, je ne peux pas m'empêcher de penser que certains éléments ont été écrits et mis en scène pour faire plus spectaculaire ou plus dramatique. Et à partir de cela, difficile de faire confiance à ce qui est raconté. Super Size Me part d'une idée folle mais pas dénuée d'intérêt. Malheureusement, Morgan Spurlock verse dans le sensationnel, ce qui nuit énormément au propos de l’œuvre. Cela donne l'impression que le documentaire est malhonnête, alors qu'il avait des choses importantes à dire.