Beaucoup de créativité dans ce conte musical d'outre-tombe sorti en 2005. Une fois encore, l'inspiration débridée de Tim Burton fait mouche. Fidèle à son univers poétique gothico-morbide truffé de délires visuels, le réalisateur américain nous entraîne sous terre, dans un monde des morts fantasmagorique, joyeux, tourbillonnant, peuplé de créatures follement déjantées. Un monde finalement bien moins funèbre qu'à "l'étage", où tout n'est que grisaille et sinistre austérité. C'est entre les 4 murs d'un inquiétant château que débute l'histoire, alors que se préparent les noces arrangées entre Victor, fils de nouveaux riches, et Victoria, filles de petits nobles ruinés. Malgré les motivations purement vénales de leurs familles, qui ne songent par cette union qu'à redorer leurs blasons respectifs, les 2 promis se plaisent. Arrive l'instant solennel de la répétition des vœux. Timide, gauche et bafouillant, submergé par l'émotion, Victor prend ses jambes à son cou et s'enfuit dans la forêt voisine. Par un rocambolesque concours de circonstances, il se retrouvera marié à la défunte Emily, dont le teint bleu cadavérique, les os fugueurs et l'asticot indiscipliné qui s'entête à sortir de son orbite droite cachent la plus douce des mélancolies. L'attachant Victor, la douce Victoria, les parents indignes, la charmante Emily, l'infâme lord Barkis... : que ce soit dans le monde des vivants ou dans celui des morts, on sent tout le soin qu'a pris Tim Burton à créer ses personnages, aussi bien graphiquement que par la profondeur psychologique. Complice des premiers temps, le compositeur Danny Elfman a quant à lui brodé sur les images une musique idéalement féérique. Pendant une petite heure 15, bien calé dans son canapé, on assiste admiratif à des "Noces funèbres" de très haute volée esthétique.