Incroyable, Clint Eastwood réussi encore une fois à me surprendre et je commence à croire qu’il n’a jamais été aussi bon que depuis qu’il réalise des films !! Cette fois-ci, il choisit le milieu de la boxe pour nous conter son nouveau récit : un vieil entraîneur de boxe découvre en une jeune serveuse, un grand potentiel, et va s’acharner à faire d’elle une championne…et si on pourrait croire facilement qu’il s’agit d’un énième simple film de boxe, on découvrira au fur et à mesure du visionnage que Eastwood est un petit rusé et nous propose finalement un drame humain extrêmement poignant gravitant autour du monde de la boxe. Au travers de l’ascension fulgurante de la petite Maggie, Eastwood en profite dans un premier temps à nous dévoiler un portrait du monde de la boxe pas toujours reluisant en mettant le point sur la dangerosité de ce sport et sur la corruption qui peut sévir dans ce milieu. En outre, grâce à ces personnages pittoresques, il nous propose une allégorie entre la boxe et la vie en générale : la violence, les coups reçus, le parcours semé d’embûches, les trahisons, les retours de flamme, la victoire, la fortune, la défaite, la déchéance…au final, la boxe n’est qu’un prétexte à un récit où des êtres perdus ou à la recherche de leur passion, se croisent et se heurtent de plein fouet à la dure réalité du quotidien : le héros lui-même ne fait que voir le reflet de ses espoirs et ses angoisses au travers de ceux de la jeune femme. Et puis le film bascule, l’évènement dramatique survint alors en pleine frénésie et joie et tout s’écroule…Eastwood en profite alors pour nous rappeler que la vie est moche, que les humains sont lâches et que finalement, on est toujours seul au monde : le métrage dégage alors une étrange atmosphère nihiliste qui nous pousse vers une réflexion fatalement mélancolique. Et puis il nous surprend encore une fois en nous prenant à contre-pied dans la dernière partie où il aborde un sujet dur, polémique, tout en réussissant une fois de plus à l’intégrer dans l’ensemble de son propos. Un climax d’une puissance émotionnelle étouffante qui nous prend aux tripes et qui nous expose le sujet le plus important du film :
l’histoire d’amour pure entre un homme perturbé par la relation quasi inexistante avec sa fille et une jeune femme qui a toujours souffert de l’absence de son géniteur
. Un grand bravo au casting : Clint Eastwood est formidable dans le rôle de ce vieux grigou torturé, Morgan Freeman est très sobre mais extrêmement touchant dans la peau d’un vieux boxeur blessé, et Hillary Swank est tout simplement sublime en jeune fille courageuse et obstiné au destin à la fois brillant et tragique. Avec "Million Dollar Baby", Clint Eastwood a tout simplement réalisé son meilleur film : beau, drôle, prenant, poignant, tragique, c’est une grande leçon de cinéma qu’il nous propose…et même plus, une belle leçon d’humanité, dont la seule et unique morale est incontestablement ce que Frankie répète à Maggie inlassablement : « Protège-toi tout le temps !! »