Avis : L'Egyptien - Page 2

Avec La terre des Pharaons d'Howard Hawks et Faraon de Jerzy Kawelorowicz The Egyptian reste à ce jour l'un des films les plus intéressant sur l'Egypte ancienne. Il permet d'appréhender à la fois ce que fut cette civilisation splendide, et la naissance du monothéisme. La réalisation souvent brillante de Michael Curtiz souffre néanmoins de quelques maladresses notamment dans la sous-utilisation de Gene Tierney et de Judith Evelyn. Les dialogues comme les personnages, passent du meilleur avec Akhenaton (Michael Wilding) et Simuhe (Edmund Purdom finalement car Brando a refusé le rôle), au pire avec Horemheb (Victor Mature) présenté d'une manière peu vraisemblable et sans grande envergure (il fut le fondateur des Ramésides !). A noter la rare présence de Bella Darvi (imposée par Zanuck) dont ce sera la dernière apparition Hollywoodienne. Après quelques films en Europe, elle se suicidera en 1971 (dettes de jeux?).

Avec le film d'Epoque en général le Peplum dans la production hollywoodienne ne donne que rarement des résultats enthousiasmants . Bavard, tape à l’œil et académique l' Egyptien (1954) réalisé par le très touche à tout pragmatique Michael Curtiz,, parvient miraculeusement à échapper à cette triple malédiction et propose en lieu et place :des personnages complexes ,un discours éminemment politique ,une photographie et une mise en scène soyeuse et sobre ,à l'unisson des mouvements d’appareils emprunt d'une grande fluidité. Le film se permet même le luxe de laisser au second plan une Jean Simmons et une Gene Tierney et confier le rôle principal à un acteur anglais inconnu qui remplaça au débotté un Marlon Brando peu convaincu à la lecture du scénario.

spoiler: Ce péplum se révèle passionnant, pas par ses décors (qui sont superbes), pas par ses séquences spectaculaires (ici il n'y a pas de bataille ou de grosses scènes de foules), mais par ses personnages, pour le moins torturés, et par son histoire, tout aussi tortueuse, tournant autour d'Edmund Purdom en Sinouhé, médecin, fils 'unu pharaon qui ne le sait pas, naïf influençable, masochiste, qui rend cette histoire passionnante. Autre personnage, le pharaon, Akhenaton (Michael Wilding en illuminé) qui est pacifique, qui refuse la guerre au regret de ses généraux, et qui idolâtre son dieu du soleil (et au passage entraine une partie de son peuple). Les décors et costumes sont au niveau dans cette superproduction de Darryl F. Zanuck, avec le format CinémaScope. Les caractéristiques du personnage de Sinouhé, personnage sans courage, peureux, extrêmement influençable permettent au film de sculpter des personnages féminins autour de lui qui possèdent leurs caractéristiques propres. Jean Simmons l'amoureuse secrète. Gene Tierney, sans sentiment, prête à tout pour accéder au trône (à tuer un de ses frères et à coucher avec un autre). Bella Darvi qui joue avec Sinouhé, comme un chat joue avec une souris, pour lui prendre son argent. Et le personnage du pharaon Akhenaton, pacifiste et illuminé, qui fait que le film ne contient pas un méchant standard (et nous regrettons qu'il ne soit pas plus développé, chacune de ses apparitions étant marquantes), car le méchant du film sont finalement les femmes autour de Sinouhé. Ce film est un exemple de film hollywoodien qui possède un super méchant, mais incarné par plusieurs personnages, ici principalement féminin. Ce n'est pas commun. Victor Mature est fonctionnel (et peu crédible en athlète vu son physique). Peter Ustinov est aussi fonctionnel. Ils font le job, mais ne sont pas essentiels à l'histoire. Gene Tierney est peu présente à l'écran, et elle est mal habillée (ses costumes l'habillent comme un sac). Mais ces peccadilles ne sont rien et ne dégradent pas l'ensemble. Voilà un sujet et un scénario qui pourraient être refaits.

Un bon péplum, une histoire intéressante, des décors somptueux, une bonne réalisation.
Le seul hic pour moi a été de voir des "égyptiens" qui ressemblaient surtout à des "Romains"...
Ça a décrédibilisé le truc, j'ai eu du mal avec ce détail. Je ne voyais que des Romains partout, le pire
c'est que même sur certaines tenues ils ont manqué d'imagination et nous ont refait des tuniques romaines.
J'ai adoré les 10 commandements, mais là la pilule a eu du mal à passer, je pense que la politique de l'époque à Hollywood obligeait ce genre de casting, mais je précise que ma remarque n'a rien à voir avec le talent individuel des acteurs qui sont tous plus ou moins bons.
Espérons qu'à l'avenir nous aurons des péplums beaucoup plus réalistes sachant que les fouilles archéologiques nous ont appris énormément de choses.
Mais ce détail est aussi une raison pour saluer le talent du réalisateur, car le film se regarde plutôt bien en 2014.
Akhénaton a été parfait dans son rôle, le speech qu'il fait à la fin est vraiment profond.
Une bonne morale, on apprend pas mal de choses, le bouquin doit vraiment valoir le coup d'oeil.
Verdict, ça se regarde bien. 3,5/5

Loin des conventions manichéennes made in Hollywood car adapté d'un roman finlandais, ce film tisse l'itinéraire chaotique et enrichissant de Sinouhé, égyptien de sang, élevé par un père adoptif médecin et finallement médecin attitré du pharaon... Très beau film visuellement, aux traitements décoratifs et aux costumes dignes des meilleurs péplums de Cecil B. De Mille, avec une touche de complexité et de subtilité dans les rapports entre esclaves et maîtres, les choix que le personnage principal doit prendre... et puis le thème récurrent qui concerne l'amour; celui qui, à sens unique, ne se commande pas et peut nous aveugler.

Même si l'on peut trouver le jeu de Edmund Purdom insipide dans le rôle de Sinouhé, Peter Ustinov nous offre une belle prestation en servant borgne roublard... Jean Simmons et Gene Tierney y sont également magnifiques.