Le type de film qui laisse une impression mitigée, on ne sait que penser entre le vraiment bon et le trop moyen, incapable de réellement savoir si on avait vu un bon film ou pas. De bonnes idées, des moments captivants, mais également des approximations et des ralentissements. Déjà, il ne faut surtout pas faire l'amalgame entre la réalisatrice de ce long-métrage, Jennifer Lynch, et le travail cultissime de son papa, le Grand David Lynch. Tomber dans la comparaison de leur cinéma, de leur talent et leur savoir-faire peut apparaître comme un piège qu'il faut éviter, afin de regarder et d'apprécier sereinement et objectivement ce "Surveillance". Car la réalisatrice prend des risques et joue le jeu de ses idées de mise en scène jusqu'au bout, s'impliquant à fond dans l'effet de style qu'elle veut créer. Cela donne beaucoup de bons côtés à sa façon de faire, mais la rend quelquefois un peu trop travaillée dans l'excès, l'alourdissant donc parfois, ne la rendant peut-être pas assez précise, trop impersonnelle. Le montage est bon, il maintient bien le suspense, faisant naître à l'occasion une tension quasi-palpable, et donne un petit genre au film, sans toutefois rien inventé. Selon les différents points de vue, les pièces du puzzle s'assemblent au fil des minutes qui défilent pour nous conter cette histoire glauque et mystérieuse, où tout le monde ment pour se protéger de ses petits vices. Même si ce genre de montage n'est pas non plus révolutionnaire, il est l'une des ingéniosités de cette oeuvre, lui donnant beaucoup de son poids, avec les interprétations réussies. Si le coup de théâtre final est un petit tour de passe-passe astucieux du scénario, on peut regretter de commencer à s'en douter avant d'en avoir la révélation, et donc de ne pas être tant surpris. En définitif, un bon film à petit budget du cinéma indépendant américain, huis-clos pervers entre polar sombre et thriller macabre, dopé par quelques touches d'humour noir et par une violence froide.