L'Amérique des paumés. Des jeunes qui se droguent, des oiseaux morts sur le bord de la route. Des flics qui dérapent, qui abusent, qui déconnent. Des inconnus qui tuent, massacrent comme des tarés l'autre face de l'Amérique, la belle, l'angélique, blanchâtre et innocente. Fille de, Jennifer Lynch n'est pourtant pas lancée sur un chemin si proche de celui de son père. Passé un générique effrayant, à la fois grotesque et hystérique parce qu'il sonne trop comme un héritage paternel , cette enquête sur un mystérieux meurtre dérive vers un thriller pur, ultra-efficace, et pas des plus inutiles. Formidablement monté et interprété, cette course à la vérité prend le spectateur par la nuque et le force à regarder crûment ce qu'il désire éviter. C'est dans cette description sans tabous d'un pays aux contours délabrés que Jennifer Lynch vise juste, avec une assurance et une décomplexion souvent drôle dans l'attirance et la vulgarité de projection de la violence. Certaines séquences, excessives, frôlent l'absurde tant la folie des personnages y ressort. Le rythme, créé sur une fusion constante entre plans calmes dialogués et reconstitution en flash-backs mouvants, créé une sorte de frénésie dans les liens temporels. Plus profondément, au-delà de l'esthétique magnifiquement granuleuse et accrocheuse, le film réfléchit à la question de hiérarchie. Des petits flics qui rêvent de pouvoir jusqu'au supérieur je m'en foutiste, et sans révéler la fin, en passant par le criminel un cran au-dessus et simplement fou de violence et de sexe mêlé, de nécrophilie et de voyeurisme, "Surveillance" pose la question de la transmission de responsabilité. A force de gradation dans la démence émise par les personnages, le film arrive à l'inévitable point culminant ; si un simple flic est déjà fêlé, que les supérieurs sont plus gravement atteints encore, arrivé en haut, qu'en est-il du côté psychologique et comportemental du Président?! Le parallèle n'apparaît pas dans le film comme une évidence, et