Surveillance choisit le dérangeant, la folie, l'absurde même, sans jamais rentrer dans le jeu du polar conformiste. Aprés quelques clins d'oeil au travail artistique de son père, Jennifer Lynch s'en éloigne aisément en proposant une vision personnelle arrosée d'humour noir. Les personnages, échoués sur cette route abandonnée, mais surtout échoués dans une existence absurde, qu'ils supportent comme ils peuvent, vont se rejoindre sans le vouloir et confronter leur mal-être jusqu'à un climax intense et ahurrissant où sexualité, folie meurtrière, et brutalité animale se mêlent et révèlent ce que cache l'uniforme, l'apparence sociale. Sans illusions ni précautions cinématographiques, Lynch s'attache à décrire une société de déchets humains, qui cherche à exister par tous les moyens. Le cynisme de la réalisatrice est d'autant plus pertinent qu'il grandit tout au long du film. Ces adultes désabusés, qui sont en réalité des enfants attardés, ne pensant qu'à jouir, soit de leur pouvoir (Les flics ripoux dans l'Amérique profonde), soit de leur désir ( la scène sado-masochiste de la fin du film), soit enfin de plaisirs artificiels (les drogués), sont le reflet d'une humanité refermée sur elle-même, qui ne se sent vivre que par la souffrance qu'elle provoque. La seule touche d'espoir est la petite fille, qui est, par contraste, la seule véritable adulte de toute cette mascarade. Elle avait tout vu avant tout le monde, garde son sang-froid, et démasque les imposteurs. Elle semble représenter d'une certaine manière le regard de la cinéaste qui observe ce monde gesticuler inutilement et s'auto-détruire. Cette petite fille est le personnage le plus intéressant de cette fresque cauchemardesque. Elle joue de son innocence, cherche à inverser le cours des choses en vain (lorsqu'elle embrasse celle qu'on croit être un agent du FBI) puis finalement réussit à échapper à l'horreur, à la brutalité humaine. Suite sur mon blog : http://cinema-critiques.blogs.allocine.fr/